SUD Industrie réfléchit à la syndicalisation

Share on FacebookTweet about this on TwitterShare on Google+Share on LinkedInEmail this to someonePrint this page

Poursuivons la publication d’articles sur les problèmes de la syndicalisation aujourd’hui (voir ici : http://syndicollectif.fr/?p=23828). Cette contribution de SUD Industrie est parue dans la revue Les Utopiques N° 25 (printemps 2024) consacrée aux 25 ans de Solidaires, et reproduit sur le site Syndicalistes!

De l’entreprise au territoire : les réponses de Sud Industrie au problème de la structuration syndicale

Publié le par Michel pour Francky, Julien, Mohamed (Sud Industrie)Sud-industrie-300x300

Paru dans le dernier numéro de la revue Les Utopiques consacré aux 25 années d’existence de Solidaires, l’article ci-dessous témoigne d’une démarche de réflexion et de pratiques syndicales très intéressantes sur le plan de l’adéquation d’une vision du syndicalisme avec la forme de ses structures. Cette démarche est bien trop rare à notre avis, et mérite d’être connue, diffusée et débattue. Nous en discutons quelques aspects en introduction, avant de reproduire l’article en question.

Se syndiquer sur son lieu de travail, sans diviser le collectif ou la communauté de travail selon les statuts d’emploi ou l’employeur : c’est ce principe qui doit fonder l’activité syndicale de base (primordiale et incontournable) pour que le syndicalisme puisse exister d’abord et avant tout sur les lieux de travail. C’est se donner le plus de moyens possibles pour un syndicalisme de lutte, détourné du dialogue social, et démocratique.

Il faut réfléchir à une structuration efficace aux regard des réalités de la composition de la classe : sous-traitance en cascade, multiplicité des statuts d’emploi et des employeurs, etc.

Il faut aussi interroger la structuration « passive » : celle qui colle aux conventions collectives nationales (CCN) et donc au pouvoir patronal qui a la maîtrise du découpage avec les services de l’État comme on le voit depuis quelques années avec la volonté gouvernementale de réduire drastiquement le nombre de CCN en poussant ou en imposant des fusions (voir récemment le conflit dans le secteur social avec la convention Nexem, qui s’applique aux « établissements et services pour personnes inadaptées et handicapées »).

Faire le bilan d’autres expériences et pratiques syndicales

Pour cela, il faut explorer les pratiques d’autres organisations syndicales, en en faisant le bilan et la critique, pour aboutir à une structuration nouvelle qui tente de répondre aux défis imposés par le patronat et l’État, mais aussi aux objectifs d’un syndicalisme démocratique et reposant sur les équipes syndicales de base.

Les exemples cités dans la réflexion de Sud Industrie sont tous franco-français : on pourrait regarder ce qui se fait ailleurs, car il y a des modèles qui ont fait leurs preuves depuis plusieurs années. On pense ici par exemple à la confédération basque ELA, majoritaire au Pays basque espagnol, qui a réduit progressivement le nombre de ses fédérations, pour aboutir à une seule fédération pour l’industrie (qui comprend aussi le BTP). De ce fait, la « fédération de l’industrie » a une existence réelle dans chaque territoire, elle a les moyens de cette existence décentralisée, et elle participe alors réellement et activement à l’animation des structures interprofessionnelles dans chaque territoire.

Les conditions du travail déterminent les conditions de la construction syndicale de base

Plusieurs motifs développés dans cet article expliquent pourquoi les camarades de Solidaires qui militent et travaillent dans l’industrie en sont arrivés à cette décision. Il y en a un par contre qui n’est pas abordé, sans que nous sachions s’il a fait partie des réflexions.

Les conditions de travail concrètes dans l’industrie déterminent fortement les possibilités et les difficultés concrètes du militantisme au plus près de ces travailleuses et travailleurs, et sont, selon nous, un autre motif pour la création de syndicats territoriaux dans l’industrie [1]. Le travail en équipe selon plusieurs rythmes (2×8, 3×8, 4×8, 5×8, en journée), le travail en continu, en équipes VSD (vendredi-samedi-dimanche), la sous-traitance, l’intérim, la présence de cantines d’entreprise, la logique du « lean », l’opposition entretenue par la hiérarchie entre « celles et ceux qui produisent » et « celles et ceux des bureaux » : que l’on produise des composants électroniques, des pièces pour l’automobile, de l’agro-alimentaire, etc., on y retrouve, en général, ces mêmes conditions et contraintes de travail.


Une coexistence de syndicats et d’histoires

La création relativement récente des premiers syndicats SUD dans l’industrie, essentiellement dans les années 2000, à l’origine dans la métallurgie, est le fruit de collectifs militants mais aussi de parcours individuels. Ici et là, ont vu le jour ainsi les premières structures qui ont permis d’aboutir à la création officielle de Solidaires Industrie (avec un champ de syndicalisation couvrant l’agro-alimentaire, l’automobile, le BTP, la logistique, etc.) en 2006. Autant dire que ceux qui la composent, à savoir les syndicats qui ont basculé ou ont été exclus de la CFDT, ceux qui sont partis de la CGT ou encore des primo-adhérent·es n’ont pas forcément les mêmes pratiques statutaires mais sont surtout réunis par un idéal : celui d’avoir un syndicalisme de lutte et démocratique dans les secteurs industriels, incarné par SUD/Solidaires. Se côtoient ainsi des sections syndicales comme des structures départementales ou régionales, et d’autres qui sont liées à un établissement (avec la notion de sites, d’usines, mais aussi de périmètres CE pour les élections professionnelles) ou encore à une entreprise nationale avec plusieurs établissements distincts. Cette joyeuse auberge espagnole a davantage réfléchi aux statuts qui les unissaient sous la même bannière, à savoir ceux de Solidaires Industrie, que de donner un cadre ou une cohérence globale pour la création de nouveaux syndicats. Lors de la fondation, les statuts nationaux posent clairement un principe, qui est toujours présent : le refus d’ingérence dans les syndicats composant l’union fédérale, sauf demande de la structure [2] ou dans la possibilité de régler des conflits dans un cadre plus clair et protecteur. Sur le reste, à l’époque, dans la première partie de construction de Solidaires Industrie, outre la partie minimaliste de congrès et de conseils syndicaux, le « bureau » joue surtout un rôle de lien entre les syndicats. En fonction du choix des équipes qui nous rejoignent, du hasard, de leur structuration initiale en cas de basculement, du lien avec l’Union départementale, des syndicats aux formes diverses sont créés. Avec un millier d’adhérents et adhérentes en 2011, Solidaires Industrie est composée d’une multitude de structures aux formes différentes, parfois contradictoires, avec des champs de syndicalisation qui se juxtaposent. Cette première étape de construction est à l’image des nouveaux arrivants : une énergie importante, au service d’une action syndicale centrée par et à partir de l’entreprise, sans se soucier des formes que l’organisation peut prendre à part au niveau local.

Un tournant en 2012

La croissance progressive de Solidaires Industrie, l’arrivée de nouveaux militants qui s’investissent également dans les instances et l’animation de la structure, amènent plusieurs grandes questions. Elles sont souvent pratico-pratiques et les choix retenus lors du congrès de janvier 2012 s’appuient sur cette volonté de construction collective, avec une nouvelle équipe élue. Pour schématiser, nous pourrions retenir trois enjeux à partir du vécu des syndicats mais aussi de la première cartographie (« carte ouvrière ») des syndicats existants, réalisée entre 2010 et 2011 sur conseil de militants en responsabilité au Secrétariat national et au CEFI-Solidaires, après de nombreuses tournées syndicales sur le terrain aux quatre coins de la France, et qui auront permis d’avoir une connaissance plus fine des réalités locales :

  • La coexistence de syndicats d’entreprise, de secteur, et de territoire empêchent une construction sereine lors d’arrivées de nouvelles équipes en manquant de réflexes communs pour accompagner le développement ; l’absence de choix retenu dans la structuration ne permet pas d’avoir une réflexion collective et nationale et les constructions se font plus de gré à gré.
  • La coexistence de ces structures empêche une réelle vie démocratique : quels poids et quels votes localement pour une section ou syndicat – qui aurait plus d’indépendance du fait de ses propres statuts – mais aussi au niveau national ? De plus, lors de luttes, l’absence de mutualisation financière entre différentes équipes locales pose de sérieux questionnements sur l’adéquation entre le projet défendu dans la théorie et la mise en application : des syndicats, qui sont parfois des bastions, avec de nombreux adhérent·es et/ou des accords de droits syndicaux plus importants que la moyenne, ne participent pas à l’entraide nécessaire avec d’autres syndicats plus faibles. La question financière, importante, est surtout l’une des illustrations, car faire vivre des intérêts communs passe aussi par des structures qui le permettent, en se dotant d’un cadre de rencontre identique – à travers les instances communes et la nécessité de passer de l’adhésion à la fraternité d’action.
  • Enfin, la modification de la loi sur la représentativité depuis 2008 a entraîné la possibilité pour notre Union de désigner des Représentants de section syndicale (RSS) dans toutes les entreprises (et même par établissements distincts si nécessaire) à partir de deux adhérent·es, permettant de s’implanter plus facilement. Les premières années, ces désignations ont été quasiment toutes contestées par les directions d’entreprises, et ceci de manière durable jusqu’à 2015-2016. La capacité juridique de la structure qui désigne étant examinée par les tribunaux (à l’époque d’instance, depuis judiciaire), un examen des statuts et le respect de ces derniers sont la condition nécessaire pour éviter une annulation de désignation de RSS. Le fait de disposer de structures territoriales évite aussi de déposer à chaque fois les statuts d’un nouveau syndicat – la condition minimum d’ancienneté imposée par la loi est de deux ans d’ancienneté pour désigner – et réduit les démarches administratives/bureaucratiques liées à des structures multiples, notamment lors de départs de l’entreprise ou de modifications juridiques d’entreprise. Créer un syndicat à chaque nouvelle implantation, c’est aussi se condamner à une impossibilité de syndiquer dans les TPE. En clair, il s’agit aussi d’un processus de sécurisation des désignations, pour accompagner notre développement et éviter que les jeunes sections syndicales ne se retrouvent soumises à une contestation et annulation de la désignation de RSS. Toutes ces problématiques ont conduit assez rapidement à faire le choix de créer des syndicats territoriaux, de transformer les bastions locaux d’entreprise en syndicats territoriaux, et d’orienter les débats vers une discussion large auprès des syndicats pour mesurer les enjeux à la fois internes et externes.

Un comparatif pour théoriser notre approche

Le choix retenu en 2012 a été régulièrement requestionné (y compris via l’extérieur, lors d’une contribution dans le journal des Comités syndicalistes révolutionnaires par exemple, avec des interrogations intéressantes mais sorties un peu du contexte de notre construction sur l’alliance de plusieurs champs de syndicalisation), retravaillé et débattu lors des congrès successifs en 2013 et 2014. Il aura fallu attendre 2017 pour que Solidaires Industrie, qui se transforme aussi au passage en SUD Industrie à l’image des syndicats locaux, fasse le choix statutaire de ne réunir que des syndicats territoriaux ; cette période de cinq ans aura été nécessaire pour passer d’une résolution de principe à une intégration réelle dans les textes et les faits. Le temps nous a paru long, et pourtant il aura été bénéfique dans l’approche que nous avons pu parfaire concernant ce projet. Après 2012, le syndicat SUD Industrie francilien, né du syndicat SUD ISS logistique & Production depuis 2009 qui s’est alors transformé de syndicat d’entreprise à territorial, a été l’un de premiers à impulser ce changement, aux côtés des historiques comme SUD Industrie Basse-Normandie et SUD Industrie 59-62 – mais qui à l’époque avait deux structures sur le même champ géographique. 2021 aura été le congrès nous permettant aussi d’avoir (enfin) des statuts types avec une trame minimale commune, pour continuer d’emprunter un chemin désormais appuyé sur de solides arguments et de convictions partagés par l’unanimité des syndicats. Mais cette approche, outre les débats internes, a pu faire l’objet d’une double comparaison :

  • Interne, en regardant ce que plusieurs structures syndicales, importantes et que nous estimions dans leur fonctionnement, avaient pu mettre en place, comme la fédération SUD-Rail, la fédération SUD-PTT ou encore la fédération SUD Santé-Sociaux. Nous y trouvions de nombreux atouts statutaires à reprendre, pour nous inspirer. Nous discutions souvent aussi, quand des camarades qui animaient les Solidaires locaux, ne comprenaient pas toujours l’importance de notre structuration ou du projet de réunir tous les travailleurs et travailleuses des secteurs industriels : pourtant, imaginerions-nous un syndicat SUD PTT de tel bureau de poste et un autre d’un second, à proximité, avec deux voix au passage, et deux formalités administratives liées aux statuts régulièrement, etc. ? Pourquoi cette volonté parfois de créer un syndicat par entreprise sans les réunir pour mutualiser les forces et commencer justement par faire vivre l’interprofessionnel de manière concrète et progressive ? Le ralliement de SUD-Michelin, en 2016, alors syndicat indépendant et membre en tant que tel de Solidaires, a été aussi le fruit de ce travail, qui pourrait encore s’étendre à d’autres structures.
  • En externe, en essayant de multiplier les lectures sur les débats de différents congrès à travers l’histoire, notamment à la CGT et autour du « syndicalisme d’industrie », mais aussi tout simplement de manière plus récente dans les secteurs industriels. Nous avons pu ainsi, en schématisant, repérer trois modèles : l’UNSA, avec une autonomie locale relativement forte sur certains points et un réformisme assumé, mais construit surtout à partir de métiers/secteurs ; la CGT qui a longtemps défendu le principe une implantation = un syndicat à partir de XX adhérent·es, offrant plus de poids au syndicat qu’à une section rattachée à l’UD ou l’UL, sans revenir sur les Unions syndicales des travailleurs de la métallurgie CGT aux contours dirons-nous flous, et le tout avec un fédéralisme verticalisé, sans être révolutionnaire ; pour terminer, le modèle CFDT de syndicats territoriaux de la métallurgie dont toutes les sections syndicales sont membres… sans aucune autonomie réelle. Bien entendu, nous mettons de côté toutes les autres considérations, liées aux financements, aux Unions de syndicats dans les groupes. Nous avons décidé de piocher ce qui nous semblait intéressant pour créer un modèle propre dans nos secteurs. C’est de cette manière qu’est né le syndicat SUD Industrie territorial type : des sections et/ou syndicats membres, une quote-part entre 25 % et 50 % reversée au fond commun du syndicat local (lequel verse la part fédérale, à hauteur de 12 euros par an et par adhérent·e, dont la moitié est reversée à Solidaires) et l’autre partie sur un sous-compte géré directement par la section pour une réelle autonomie – tout comme la désignation et les listes électorales, dont seuls les secrétaires de sections peuvent décider avec leurs adhérent·es et non le secrétaire du syndicat. Un contre-pouvoir, dans un outil qui se veut lui-même un contre-pouvoir face à l’entreprise, nous semblait primordial, tout comme le fait de créer du lien entre sections localement – on se syndique là où on travaille, pas en fonction du siège social – et ainsi accueillir des salarié·es aussi bien des TPE que des grandes entreprises. C’est aussi s’éviter un suivi et la gestion de 4, 5 ou 20 syndicats dans le même département avec une perte de temps importante.

La question des liaisons d’activité

Construire des syndicats SUD Industrie départementaux ou régionaux ne règle cependant pas toutes les difficultés, loin de là ; d’autres sont apparues dès la construction en 2012, lorsqu’un petit syndicat, membre du secteur du BTP, a souhaité s’y opposer lors du congrès. Mis en minorité par un vote unanime de toutes les autres structures, le syndicat d’entreprise concerné a tenté d’imposer un SUD BTP national, coquille vide malgré la lutte importante des travailleurs et travailleuses sans papiers quelques mois auparavant. Outre le peu de sérieux de cette tentative de syndicat national, ce qu’il convient d’observer est surtout un réflexe sectoriel très fort et une volonté de lier la structuration statutaire à un secteur d’activités découpé arbitrairement, c’est-à-dire sur la base des conventions collectives décidées par le patronat. Ce débat avait déjà eu lieu avec le secteur automobile, fort de plusieurs implantations à Renault et PSA, qui s’était posé la question, dans le passé, d’une structuration nationale. Le risque était pourtant de revenir à un découpage sur le même modèle que la CGT, autour des seules branches et sans construction de solidarité concrète, qui aurait mis un terme à la construction de SUD Industrie. Mais d’un autre côté, il n’était pas possible, pour la coordination au niveau des groupes mais surtout des secteurs d’activité, de ne pas avoir un axe de réflexion spécifique. Là aussi, lors de nos échanges et débats, les liaisons existantes à SUD-Rail nous ont inspiré pour construire en plus des syndicats territoriaux, des espaces d’échanges et de coordination concrets, placés sous l’égide du collectif d’animation de SUD Industrie, et animés par des camarades des secteurs concernés et mandatés par le Conseil syndical. Sur la base de notre développement, ont été mises en place progressivement plusieurs liaisons d’activités : automobile, BTP, agro-alimentaire et caoutchouc. Dans ce dernier cas, ce fut grandement aidé par l’obtention de la représentativité dans la branche, qui nous a forcé à nous structurer et échanger, à l’époque notamment avec l’équipe d’animation de SUD Chimie, permettant un travail en commun riche et nécessaire, allant jusqu’à des campagnes communes sur la pénibilité, ou sur les salaires aux côtés de SUD Aérien et de SUD Commerce et services. Du matériel spécifique (bulletin, notes de réflexions, cahier revendicatif, etc.) est édité par ces liaisons d’activité, et malgré la difficulté d’animation par manque de temps souvent. Une nouvelle liaison a vu le jour, pour le secteur armement (Arquus, Safran, NavalGroup, Michelin, etc. [3])

Le principe « on se syndique à proximité » via un « syndicat commun et des sections disposant d’une grande liberté dans le cadre des statuts et valeurs  », dans une Union « organisée et dans le soutien  » avec une animation « de secteurs », tel est le projet que nous essayons de faire vivre quotidiennement. Ce sont les syndicats souverains, dont nous sommes membres, qui doivent ainsi participer à la fois à la vie locale, nationale et sectorielle.

Par et pour les travailleurs et travailleuses

La structuration n’est pas une finalité : elle permet de se doter du meilleur outil en fonction des secteurs d’activités et de faire face aux stratégies patronales qui visent par exemple à casser les statuts et imposer la sous-traitance avec plusieurs conventions collectives sur le même établissement. Mais disons-le clairement, bâtir des syndicats SUD Industrie territoriaux s’inscrit dans la volonté de se doter d’une « politique des cadres », à savoir des animateurs et animatrices localement et départementalement, au service de l’action syndicale quotidienne. C’est un choix plus audacieux et plus complexe que les modèles pyramidaux, qui laissent une forte place à l’autonomie mais avec la contrepartie de plus faibles moyens financiers au niveau national. Au-delà de l’énergie et l’investissement des camarades du collectif d’animation – avec une partie prise en charge par Solidaires suite à une augmentation de la cotisation en 2013 et une autre via les fonds paritaires nationaux avec toutes les difficultés dans les débats que nous connaissons partout – une grande part est prise sur les heures de délégations. Or, avec ces heures qui oscillent entre 10 et 25 heures en moyenne par mandat, il faut cumuler l’activité de l’entreprise, des responsabilités territoriales et/ou nationales. Les campagnes de syndicalisation permettent progressivement d’améliorer la situation ; nous sommes 3500 adhérent·es actuellement.

Ces fondations sont celles d’un syndicalisme qui agit pour l’émancipation individuelle et collective, par et pour les travailleurs et travailleuses. Les structures SUD Industrie territoriales sont une école quotidienne d’un syndicalisme réellement démocratique et de luttes, malgré là aussi toutes les difficultés – qui font partie de cet apprentissage – que les syndicats rencontrent. Difficultés multipliées par les négociations propres à chaque entreprise, les accords spécifiques à chaque entreprise, et la répression antisyndicale concrète (licenciements) et récurrente, les fermetures et/ou suppressions d’emplois avec des PSE [4] à la clé. C’est dans ce sens que nous continuons d’avancer, en ayant récemment mis en place une session de formation à destination des trésoriers et trésorières mais aussi des animateurs et animatrices. À l’approche du congrès de Solidaires, réaffirmer de manière crédible et utile que notre organisation n’est pas une ONG et ne doit pas se perdre dans des collectifs folkloriques comme l’Alliance écologique et sociale – pilotée par ceux et celles qui ne pourront jamais parler au nom des travailleurs et travailleuses de nos secteurs, par une absence totale de légitimité et parfois des intérêts contraires – passe par le renforcement de notre structuration. La création de nouveaux syndicats, comme dans le Finistère en ce début 2024, le renouvellement des bureaux et équipes d’animation – au niveau national mais aussi régulièrement dans les syndicats comme dans la Sarthe tout récemment – sont autant de chemins à suivre. Pour renforcer notre Union, continuons de réfléchir collectivement à comment faire vivre SUD Industrie et ses particularités dans des secteurs hautement stratégiques, en défendant un syndicalisme révolutionnaire, et donc forcément de classe et de masse.

Francky, Julien et Mohamed sont membres du collectif d’animation de SUD Industrie. Francky est également co-secrétaire de l’Union fédérale SUD Industrie et Mohamed co-secrétaire de SUD Industrie francilien. Tous trois ont suivi les changements statutaires depuis 2012 en militant pour des syndicats territoriaux.

Print Friendly

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *