On sait que la CGT, mais aussi Solidaires, la CFDT, un peu la FSU, perdent des adhérent-es. Et pourtant, en 2023, des dizaines de milliers de personnes ont frappé à leur porte. L’exemple ci-dessous, décrit sur le site Syndicalistes! montre que les adhérent-es en ligne trouvent difficilement le syndicat ou la structure syndicale qui permet de s’organiser et pas seulement appuyer sur le bouton « adhésion ».
Syndicalistes !
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On peut trouver plein de bonnes explications au déclin des effectifs syndicaux. Mais parfois, la seule explication, c’est le fonctionnement de nos organisations qui sont structurellement incapables d’accueillir une partie des bonnes volontés voulant les rejoindre. En voici un exemple, qui montre bien la complexité labyrinthique dont sait faire preuve la CGT : c’est le témoignage d’un adhérent, motivé, mais qui ne parvient pas à « atterrir » au bon endroit, là où il pourra militer. Aucune mauvaise volonté ici, pas de secrétaire récalcitrant qui ne veut pas s’embêter avec un nouveau militant ou méfiant envers tout profil inhabituel. Juste le simple effet de la complète inadaptation des structures de la CGT vis-à-vis de la réalité du salariat d’aujourd’hui.
Quels remèdes ? Bien sûr, une orga qui fonctionne, ça aide. C’est d’ailleurs ce qui a permis de repêcher l’adhérent en question, contacté par un camarade faisant la tournée des adhésions en ligne pour vérifier que tout le monde avait trouvé syndicat à son pied (spoiler : c’est loin d’être le cas). Mais ça ne suffit pas : pour cet adhérent comme pour beauoup d’autres, il n’y a tout simplement pas de cadre existant où il soit possible de militer simplement. Ce cas cumule plusieurs facteur (télétravail loin de l’entreprise, profession isolée dans sa branche de rattachement…). Mais on voit de tels exemples chaque semaine, des salarié·es à qui on ne peut proposer de syndicat actif, qui ne peuvent être rattaché·es là où iels le pourraient, etc.
Une conclusion s’impose : il va falloir secouer nos structures. Tailler dans le mille-feuille fédéral. Déplacer le curseur sur l’interpro. Comprendre enfin que l’époque n’est plus aux gigantesques concentrations ouvrières. Le tournant sera rude, mais nous n’avons pas le choix – ou on perdra beaucoup des dizaines de milliers d’adhérent·es amené·es par le mouvement des retraites.
Mais pour mieux se convaincre de cette urgence, laissons la parole à un de ces nouveaux adhérent·es, qui fait le récit de sa longue navigation dans nos structures (le nom des entreprises et des lieux ont été changés pour préserver son anonymat).
« Votre mail tombe bien, car je commence un peu a désespérer. Je vous raconte mon parcours depuis mon adhésion :
• Lors de la réunion d’accueil on m’oriente vers la CGT commerce départemental après que les camarades aient mal compris mon employeur, ce que je comprendrais qu’un mois plus tard (en comprenant « Aldi » le hard-discounter à la place de « Alddi », mon employeur actuel qui est un fabriquant de lunettes de moins de 15 salariées.)
• La CGT Commerce du département me contacte et j’explique la situation, il me renvoie vers la CGT de mon lieu d’habitation à ma demande car je trouvais pas la branche de la CGT qui me correspondrai le mieux.
• La CGT de Nevers me dit de plutôt voir avec la CGT de Decize qui est plus proche d’un kilomètre de chez moi que Nevers. Alors que je fais toutes les manifs du 1er Mai à Nevers et que j’ai été une seul fois de ma vie à Decize (je suis nouveau dans le département et j’ai pas de voiture donc, 30 km c’est loin).
• Un peu désespéré je contacte Ugict-CGT en me disant que je suis cadre – et télétravailleur – et que je me défini moins par mon employeur actuel (qui a tendance a changer souvent) que par mon métier (designer) en me disant que c’est peut-être la où je croiserai le plus de camarades de mon métier et environnement pro. Malheureusement la Ugict-CGT n’a jamais répondu à mon message sur leur formulaire en ligne.
• Finalement je comprends que depuis le début tout le monde pense que je travail chez le Hard-discounter (ce que je ne savais pas jusqu’à là) via le camarade de la CGT Nevers et il me dit qu’en fait « les lunettes, faut voir avec la CGT métallurgie ».
Voilà ou j’en suis.
J’avoue que je n’ai pas encore regardé comment contacter les métalaux, mais je suis pas sûr qu’un graphiste de passage dans une marque de lunette ai trop a apporter dans des luttes que je ne maitrise pas du tout.
C’est dans ce contexte très « 12 travaux d’Astérix » que je vous réponds. C’était important pour moi de rejoindre la CGT mais je fini par me demander si ça n’aurai pas été plus simple de rejoindre mes amis chez Solidaires Informatique qui à l’air plus spécialisé sur les secteurs du numérique.
Cependant je n’ai pas encore perdu espoir et j’espère toujours pouvoir trouver ma place à la CGT. Pouvez-vous m’aider à trouver ma place dans ce labyrinthe dans lequel je me trouve et m’orienter si possible vers la branche de la CGT qui traiterai plutôt des travailleurs·euses du digital/numérique ? Car je ne suis pas sûr de servir a mes camarades chaudronniers avec mon télétravail 100 % et une méconnaissance total de cette industrie.
Je m’excuse pour le roman que je vous ai écrit mais vous m’avez lancé une bouée, je m’y accroche car encore une fois, je ne désespère pas pouvoir dire « Je suis la CGT ».«