Le Confédération paysanne en France fait partie de Via Campésina dans le monde et de sa Coordination européenne. La Coordination Européenne Via Campésina (ECVC) appelle à manifester à Bruxelles le 1er février 2024, en défense des revenus paysans et contre les accords de libre-échange tel que le MERCOSUR, l’accord Europe-Nouvelle Zélande, ou pour l’abrogation du traité CETA. Un Conseil de l’Europe a lieu sur ces accords internationaux. Plus bas, un appel de la Confédération paysanne aux syndicats agricoles pour la défense commune du revenu.
29 janvier 2024
La Coordination Européenne Via Campesina appelle à une mobilisation européenne le 1er février 2024. Rejoignez-nous et nos organisations membres à Bruxelles, Place du Luxembourg, à 11h. Nous serons mobilisé.e.s pour faire entendre notre mécontentement et appeler à un changement de paradigme, en parallèle de la réunion du Conseil de l’UE qui se tient à Bruxelles cette semaine.
Les politiques néolibérales de l’Europe sont les principales responsables de la détresse des agriculteur.rice.s : accords de libre-échange (ALE), déréglementation des marchés, subventions de la PAC distribuées de manière totalement inéquitable, surcharge administrative, fausses solutions telles que le soutien insensé à la numérisation, aux OGM et aux marchés du carbone, et enfin une absence de vision globale pour une transition vers des modèles agricoles plus durables, pour n’en citer que quelques-unes.
Nous demandons depuis longtemps un changement de cap. Aujourd’hui, les agriculteur.rice.s en ont assez et expriment massivement leur colère dans plusieurs pays européens. Nous descendons donc dans les rues de Bruxelles pour exiger :
- Un arrêt immédiat des négociations sur les accords de libre-échange et la suspension sur les accords de libre-échange liés à l’agriculture ! Les négociations avec le MERCOSUR doivent cesser. L’accord UE-Nouvelle-Zélande ne doit pas être ratifié. Les négociations avec le Chili, le Kenya, le Mexique, l’Inde et l’Australie doivent cesser. Le CETA, qui a été mis en œuvre sans jamais avoir été ratifié par tous les États membres, doit être abrogé.
- Des prix justes pour les productions agricoles ! Les prix agricoles doivent être garantis à un niveau supérieur aux coûts de production, qui ont fortement augmenté ces dernières années. Notre temps de travail doit également être pris en compte dans la détermination d’un prix équitable. L’UE doit rétablir des prix d’intervention et des prix minimums pour tous les produits. La directive sur les pratiques commerciales déloyales (PCD) doit être renforcée, en suivant l’exemple positif de la loi espagnole sur la chaîne alimentaire. Nous demandons des outils de régulation du marché pour stabiliser les prix et empêcher la spéculation et les marges excessives de certains acteurs de l’agro-industrie et de la distribution.
- Nous avons besoin d’un budget suffisant et d’une répartition équitable des aides de la PAC pour faciliter une transition juste vers l’agroécologie et les pratiques durables ! Le budget actuel de la PAC est insuffisant, et les aides ne sont pas suffisament réparties ni pour soutenir les petit.e.s et moyen.ne.s agriculteur.rice.s qui pratiquent une agriculture socialement et écologiquement durable, ni pour faciliter la transition agroécologique. 20 % des plus grand.e.s agriculteur.rice.s européen.ne.s, qui souvent ne travaillent même pas sur leur exploitation, reçoivent 80 % des aides publiques, alors que la plupart des agriculteur.rice.s des petites et moyennes fermes ne reçoivent rien ou presque. Nous voulons des subventions par travailleur.euse actif.ve, pas par hectare.
- Une réduction de la charge administrative ! Nous sommes paysan.ne.s, pas bureaucrates. Nous avons besoin que les démarches administratives soient simples et qu’il y ait des personnes physiques pour répondre à nos questions et nous aider dans les démarches, pas des algorithmes.
ECVC a demandé à rencontrer la Présidente de la Commission européenne Ursula Von Der Leyen et le Président du Conseil de l’UE Charles Michel jeudi pour obtenir des réponses à chacune de ces demandes. Une conférence de presse sera organisée à l’issue de la mobilisation place de Luxembourg avec des leaders paysan.ne.s de différents pays européens.
Appel de la Confédération paysanne aux autres syndicats agricoles pour la garantie d’un revenu digne à toutes les paysannes et tous les paysans !
En France, depuis deux semaines, le monde agricole est mobilisé pour faire entendre ses revendications. Un point commun se retrouve dans tous les blocages, dans toutes les colères exprimées par les agriculteurs et agricultrices : alors que notre métier est d’utilité publique, nous ne gagnons pas toutes et tous correctement notre vie. Dans un esprit de solidarité et de responsabilité, nous lançons un appel urgent aux autres syndicats agricoles à se positionner clairement et fermement sur deux mesures cruciales pour garantir l’avenir de nos fermes.
La première de ces mesures serait de réclamer conjointement l’arrêt des accords de libre-échange et la suspension immédiate de toutes les négociations, dont l’accord avec le Mercosur*, car ils mettent en concurrence les agriculteurs et agricultrices à travers le monde, et nous empêchent de nous rémunérer au juste prix.
La deuxième de ces mesures serait d’exiger ensemble l’interdiction formelle de l’achat des produits agricoles en dessous de leur prix de revient (coût de production + revenu agricole). Cette démarche doit être soutenue par une législation contraignante, efficace et contrôlée par les services de l’État. Il s’agit enfin de mettre en place une vraie protection du revenu des agriculteurs et des agricultrices, contrairement à la loi EGALIM qui repose sur le bon vouloir des industriels. Le revenu des paysan·nes ne doit plus être la variable d’ajustement de l’ensemble de la chaîne agroalimentaire !
C’est en unissant nos voix, en rassemblant les forces de tous les syndicats agricoles, que nous serons à même d’obtenir des mesures structurantes et des engagements forts de la part de nos dirigeants politiques. Face à la gravité de la situation actuelle et à l’insatisfaction partagée suite aux annonces du Premier ministre, ce socle est notre plus petit dénominateur commun. Il est indispensable pour porter haut et fort notre revendication d’un prix rémunérateur, garantissant l’avenir de notre métier.
La question n’est pas seulement économique, elle touche à la justice sociale : l’agriculture ne peut pas être le seul métier sans rémunération ! C’est pourquoi nous appelons tous les syndicats agricoles à se positionner publiquement sur leur volonté de porter ensemble ces propositions d’avenir pour l’agriculture.
Le Secrétariat national de la Confédération paysanne