L’association Vigilance et initiatives syndicales antifascistes (VISA) décortique l’argumentaire nataliste et raciste du RN-FN sur les retraites. VISA prépare des Rencontres syndicales antifascistes pour le 17 juin 2023 à la Bourse du travail de Paris (voir l’invitation ci-dessous).
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LA NATALITE POUR SAUVER NOS RETRAITRES ?
ENCORE UN ENFUMAGE DE L’EXTREME DROITE !
Dans les débats parlementaires et prises de paroles publiques sur les enjeux du financement de nos retraites on vient de voir revenir avec force l’argument nataliste porté par le RN. C’est la remise en cause des droits des femmes et l’obsession complotiste de l’extrême droite pour le Grand Remplacement qu’il faut y décrypter.
On pourrait croire que l’on a affaire aux seuls arguments habituels des natalistes : une faible natalité accroît la charge des retraites en déséquilibrant la pyramide des âges. Les Français désirent plus d’enfants qu’ils n’en font et donc comme l’enfant représente un investissement pour la nation, son coût doit être remboursé à la famille. Raisonnement simpliste qui traverse les politiques familiales depuis des décennies et le « modèle » familialiste traditionnel.
C’est la position défendue depuis toujours par le FN/RN. A l’arrière c’est le vieux fond idéologique de l’extrême droite qui s’exprime avec la défense de la famille
« française » où la répartition « naturelle » des rôles entre hommes et femmes garantirait la stabilité de la société. La femme est vouée en priorité à son rôle de reproduction, l’avortement est condamné et les minorités sexuelles dénoncées.
Mais il faut aller au-delà quand Jordan Bardella, président du RN, sur BFM explique « La France n’a jamais été aussi peuplée mais elle n’a jamais fait aussi peu de bébés ». C’est Sébastien Chenu député et vice-président de l’Assemblée Nationale qui est beaucoup plus explicite lundi 13 février sur France Inter : « Moi, je préfère qu’on fabrique des travailleurs français plutôt qu’on les importe. ».
Car l’argument nataliste est bien une forme détournée de l’obsession xénophobe et raciste, articulée à la « préférence nationale », fonds de commerce historique de l’extrême droite comme le déclarait Marine Le Pen, pendant la campagne présidentielle en 2022 : « Le choix est entre l’immigration et la natalité, j’assume très clairement faire celui de la natalité, celui de la continuité de la nation et de la transmission de notre civilisation grâce à notre modèle familial »
La question de la natalité dans le financement des retraites est un débat archaïque et patriarcal promu par les chantres de l’extrême droite et qui vise en fait explicitement à remettre en cause les droits des femmes à l’emploi et le droit à l’avortement.
Rappelons qu’historiquement ce discours politique a permis de justifier le maintien des femmes au foyer, le salaire maternel, la bonification des retraites en fonction du nombre d’enfants ou même le vote familial avec le père obtenant un suffrage supplémentaire par enfant !
Rappelons aussi que contrairement à ce que prône l’extrême droite l’enfant fait partie du domaine privé de la vie familiale. Et ce , dans une acception de famille « ouverte » qu’elle soit hétérosexuelle ou de couples LGBT.
Le financement des retraites est un problème économique qui doit être résolu au moyen de mesures économiques : cotisations, assiette, durée de l’activité, taux des retraites, âge à la retraite, taxation des super profits…
L’enjeu est bien dans l’égalité des hommes et des femmes particulièrement dans l’accès à l’activité économique, dans l’égalité salariale intégrale et dans la liberté des moyens d’éviter les enfants non désirés (contraception, I.V.G.). Pour permettre aux parents qui le souhaiteraient de pouvoir rester en emploi, il faut développer des crèches et des modes de garde dans le cadre d’un véritable service public de la petite enfance.
Le RN ment comme toujours. Peu lui importent les retraites et le mouvement social.
Son seul objectif est de profiter du débat pour diffuser encore et encore ses obsessions contre l’immigration et ses attaques contre les droits des femmes.