Attal, Ecole, abayas: réactions syndicales

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L’actualité de la rentrée scolaire fourmille d’annonces et commentaires, surtout que le chef de l’Etat a décidé de faire de l’école son « domaine réservé » (comme beaucoup d’autres). Nous publions ici quelques réactions (elles sont contrastées comme c’est l’intention) suite à l’interdiction des vêtements abayas portés par les jeunes filles.

page1-1200px-Logo-SNES_complet.pdfInterdiction de l’abaya à l’école : « Il ne faudrait pas que ça vienne masquer les problèmes de la rentrée« , estime le Snes-FSU

Les vrais problèmes sont le manque de professeurs et les classes surchargées, pointe le syndicat d’enseignants sur France Inter.
Article rédigé par France Info
Radio France
Publié
Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat Snes-FSU, le 28 août 2023 sur France Inter. (FRANCE INTER / RADIO FRANCE)
Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat Snes-FSU, le 28 août 2023 sur France Inter. (FRANCE INTER / RADIO FRANCE)

« Le sujet principal de cette rentrée n’est pas le port de l’abaya « , assure lundi 28 août sur France Inter Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat Snes-FSU, après l’annonce par le ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal de l’interdiction à l’école de cette longue robe traditionnelle portée par certaines élèves musulmanes. Elle estime qu‘ »il ne faudrait pas que ça vienne masquer l’ensemble des problèmes de l’école à cette rentrée ». Le principal syndicat du secondaire rappelle que cette rentrée lundi prochain sera marquée par un « manque de professeurs » avec « des classes surchargées ».

Sophie Vénétitay considère par ailleurs que ce vêtement n’est porté que par « quelques milliers » de jeunes adolescentes et que « dans 95% des cas ces situations se dénouent par le dialogue ». Elle raconte comme dans son établissement, par exemple, après des discussions « entre collègues et avec la direction », les enseignants parviennent à « entamer le dialogue avec ces jeunes filles » pour « leur expliquer pourquoi la loi de 2004 ne permet pas d’entrer dans un établissement avec un abaya ».

Privilégier le dialogue

La secrétaire générale du syndicat Snes-FSU juge d’autant plus « important le dialogue » qu’il « permet d’éviter que ces élèves et ces familles quittent l’école publique et aillent dans le privé confessionnel ».

« Il n’y aurait rien de pire que ça conduise au départ de ces élèves vers le privé confessionnel, ce serait une véritable défaite pour l’école de la République. »

Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat Snes-FSU à France Inter

Elle précise que son syndicat sera donc attentif au « discours [que Gabriel Attal] va tenir de manière générale sur la question de la laïcité et de l’enseignement privé ». « Emmanuel Macron a très généralement favorisé l’enseignement catholique privé l’année dernière quand il a été question de la mixité sociale », critique-t-elle.

 

UNSAEducLaïcité à la rentrée : clarifier, expliquer et former

Lors de sa conférence de presse de rentrée, le nouveau ministre de l’Éducation Gabriel Attal a affirmé que dorénavant les tenues comme les abayas et les qamis seront interdites dès cette rentrée dans l’enceinte des établissements scolaires. Une règle claire était attendue par de nombreux personnels et elle sera rapidement accompagnée de textes précis et d’actions spécifiques, dans la lignée de la loi de 2004. Pour que la laïcité demeure une « liberté vivante » comme l’affirmait Jaurès, cette mesure devra s’accompagner d’explications et de formations.

Clarifier

La décision du ministre de l’Éducation était attendue : en effet, les médias ont récemment signalé une note de synthèse de l’administration sur l’augmentation des atteintes à la laïcité depuis plusieurs mois dans les écoles et établissements scolaires. Ainsi, en mai dernier, le port de signes et tenues représentait plus de la moitié des faits signalés (56% sur 438 signalements). Même si ce sujet avait déjà fait l’objet d’une circulaire, beaucoup souhaitaient une clarification qui ne laisse pas aux personnels la responsabilité d’interdire ou pas les abayas et qamis. De quoi parle-t-on ? Les abayas sont des vêtements amples portés par les femmes par-dessus les autres et couvrant l’ensemble du corps. Cette tenue traditionnelle originaire du Moyen-Orient s’est popularisée récemment au Maghreb puis en Europe. Les qamis sont des longues tuniques portées par les hommes. Ces tenues montrent l’appartenance religieuse et peuvent être le support de prosélytisme.

Expliquer

La loi du 15 mars 2004 concerne l’«application du principe de laïcité, le port de signes et de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics». Dans ce cadre, le gouvernement souhaite accompagner cette nouvelle décision par :

-une actualisation du Vademecum de la laïcité sur la question des abayas et qamis

– une lettre explicative du ministre de l’Éducation précisant les contours de cette décision qui pourra être diffusée aux élèves et aux parents.

– une note de service donnant les modalités pratiques sur la mise en place de cette interdiction.

Gabriel Attal reconnaît que la mise en œuvre de cette nouvelle règle peut être compliquée et difficile dans certains établissements. C’est pourquoi les équipes académiques chargées de la laïcité seront mobilisées dès le jour de la rentrée et ce pour la durée nécessaire pour aider les personnels. Il est essentiel ici, dans l’esprit de la loi de 2004, de privilégier le dialogue avec les élèves concernés. Il faut souhaiter que les modalités pratiques de cette interdiction soient le plus clair possible, y compris du point de vue juridique, pour une acceptation de toutes et tous.

[…]
Pour l’UNSA Éducation, la laïcité constitue une garantie d’égalité et d’émancipation de l’individu. Elle est un principe constitutionnel fondamental, une valeur de la République, elle assure la liberté de conscience et doit garantir la liberté d’expression. Elle fonde la neutralité des services publics. Pour cela, il faut pouvoir la faire vivre dans la sérénité : comme le disait Jean Zay, celles et ceux qui souhaitent perturber cette sérénité « n’ont pas leur place dans les écoles qui doivent rester l’asile inviolable où les querelles des hommes ne pénètrent pas. »

Annonces Attal pour la rentrée : nouveau ministre mais même politique et même méthode

Le nouveau ministre de l’Éducation nationale n’a fait que confirmer le 28 août les annonces Macron sur le report des épreuves du Bac en juin. Nous prenons acte de la prise en compte, après quatre ans d’alertes de la part des organisations syndicales, du fait que le calendrier du Bac Blanquer était intenable. Nous ne pouvons que déplorer le mal-être et le stress qu’ont vécus les personnels, élèves et familles sur les sessions précédentes et dénoncer une fois encore la répression syndicale qu’ont subie certains personnels qui avaient lutté de façon tout à fait légitime contre cette réforme. Maintenant c’est l’ensemble de la réforme et Parcoursup qu’il faut abroger.

Le reste des annonces cumule éléments recyclés des six dernières années (comme les annonces sur les fondamentaux dans le 1er degré) et approximations volontaires sur le chiffrage des absences de courte et longue durée des enseignant∙es, absences que le Pacte serait censé endiguer. Que dire également des annonces de revalorisation en trompe l’œil, très éloignées de la promesse d’augmentation de 10% ? Par ailleurs, G. Attal a annoncé l’interdiction des abayas en guise de clin d’œil à la frange réactionnaire de son électorat.

Il ne faudrait pas tomber dans le piège : il s’agit surtout d’un effet de comm et d’un contre-feu pour masquer les pénuries dans notre secteur. En revanche, on ne peut que déplorer le fait qu’une fois de plus, c’est le corps des filles et leurs tenues qui sont stigmatisés par le pouvoir politique. Plutôt que cette annonce dont la légalité pose question, c’est de calme, de soutien, de nuance et de moyens dont les personnels ont besoin pour faire face aux difficultés.

Le gouvernement compte encore sur les personnels pour palier les insuffisances de l’institution à moindre coût. La CGT Éduc’action prend date pour la rentrée et gage que les annonces selon lesquelles il y aura un∙e enseignant∙e devant chaque classe sera une promesse de plus non tenue.

30 août 2023

 

Plus que jamais, la laïcité un idéal à faire vivre.

Publié le vendredi 1 septembre 2023 par Laurent Kaufmann

Après avoir annoncé l’interdiction de certains vêtements (Abayas, Qamis) le ministre précise les conditions dans lesquelles celle ci va s’exercer.

Malgré la publication d’une circulaire sur la laïcité il y a moins d’un an par Pap N’Diaye, le nouveau ministre Gabriel Attal a fait de l’interdiction de certains vêtements une priorité pour la rentrée.

Arguant de chiffres montrant une augmentation conséquente des atteintes au principe de laïcité.

Il semble surtout vouloir donner des gages à la droite et à l’extrême droite et faire preuve de fermeté en début de mandature.

Pour autant les textes législatifs et règlementaires de base (Loi  et circulaire de 2004 et les textes ultérieurs)  ne seront que complétés par un décret qui ne mentionne même pas les tenues définies dans la communication médiatique.

Le Sgen-CFDT n’était pas demandeur d’une telle agitation sur un sujet si complexe.

Ce n’est pas un catalogue décrivant des vêtements dont nous avons besoin mais bien d’espace de dialogue pour accompagner la jeunesse dans la construction de son parcours identitaire et scolaire. C’est d’ailleurs ce que réaffirme le ministre dans sa communication aux médias.

Un enjeu majeur d’éducation.

Force à la loi et à son application avec les partenaires territoriaux dont le maillage est plus que nécessaire et demande du temps et un projet éducatif clair. Sanction si nécessaire mais éducation et dialogue toujours !

Les chefs d’établissements doivent être épaulés et accompagnés pour ne pas commettre d’erreurs d’appréciation lors de saisine des instances (commission éducative, conseils de discipline) pour ne pas voir les décisions invalidées par le tribunal administratif. Rien ne serait plus fâcheux.

L’aide des équipes valeurs de la République évoquée par le ministre pour conduire un dialogue constructif dans les cas d’atteinte à la laîcité est une bonne chose.

Gardons une vision claire sur ce sujet en partageant l’analyse des indicateurs sur le court  et long terme.

Et on peut s’interroger sur la perception par les élèves et les familles d’un message qui peut sembler uniquement stigmatisant.

 

sud educ-2023-09-01 Abaya - une note de service stigmatisante et humiliante-1

 

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