Le dernier Comité confédéral national (CCN) de la CGT en mai 2018 (le CCN est une instance fédérative qui réunit les unions départementales et les fédérations professionnelles) avait entre autre à son ordre du jour les questions internationales et la validation (ou non) du processus engagé dans les « marées populaires » pour le 26 mai. Ce sont donc de gros enjeux d’orientation : la stratégie de luttes et le rapport au « politique », les affiliations internationales de la CGT : CES et CSI. La CSI est la Confédération syndicale internationale créée en 2006 avec la participation CGT. Ces enjeux expliquent que des structures CGT, critiques de l’orientation, éprouvent le besoin de s’exprimer très tôt pour le futur congrès de 2019, alors qu’aucun document n’est encore écrit. C’est cependant assez rare pour le souligner. Nous avions également publié récemment une prise de position de syndicats du Nord de la France. Nous publions ci-dessous deux documents qui circulent (et dont Le Monde a parlé) : un texte non signé (et donc plein de mystères…) qui s’inquiète d’une dérive trop radicale, et inversement un nouveau texte de Jean-Pierre Page (ancien responsable du secteur international CGT), extrait d’un livre (CGT: pour que les choses soient dites, Delga, juin 2018), qui remet en cause les choix de la CGT affiliés au syndicalisme « de la pensée unique » (CES et CSI) et défend la réadhésion à la Fédération syndicale mondiale (FSM). Plusieurs structures de la CGT se sont déjà exprimées en ce sens.
- Un document non signé intitulé « La CGT en avant » et datant d’avril 2018 :
« La CGT en avant ! »
« Dirigeants, militants de la CGT nous décidons de prendre la parole pour donner notre point de vue dans la préparation du congrès qui s’annonce. Nous le faisons de façon collective mais anonyme pour des raisons liées à nos mandats respectifs.
La CGT en avant !«
- Le document de Jean-Pierre Page intitulé : « La CGT, l’Europe et l’Union sacrée« . Ce texte est long, mais nous pouvons en extraire un passage significatif. Accès au texte complet en cliquant sur : CGT et Union sacreģe
Extrait page 27 :
[…]« Depuis un certain temps la direction de la CGT évoque pour les stigmatiser les positions souverainistes qu’elle assimile au racisme, à la xénophobie, à l’extrême droite. Elle va même jusqu’à interdire dans les manifestations la présence d’organisations qui contestent l’euro et se prononcent pour une sortie de l’UE. L’amalgame avec le Front National est d’autant plus grotesque que l’on a jamais vu Marine Lepen ou Dupont Aignan défiler dans les cortèges de la CGT ! Mais pour la CGT c’est quoi le souverainisme ? Quelle définition donne-t-elle, on ne le sait pas? Est ce la défense de la souveraineté nationale, ou la souveraineté populaire qui serait en cause ? La défendre c’est juste ou pas ? Que faut-il penser des combats d’hier pour soutenir le produire français, était-ce du nationalisme, du souverainisme, et les combats de la résistance pour l’indépendance nationale ? La lutte des Grecs, celle des Palestiniens, voir celle des Britanniques et des Italiens contre les abandons de souveraineté au bénéfice de l’Europe allemande, c’est quoi ? La lutte anti-impérialiste c’est du souverainisme ou pas? Faut-il au nom de l’Europe, de l’Allemagne, de la France, de la Commission de Bruxelles soutenir un déni de démocratie en Italie, qui se retournera contre ses auteurs parce que l’on a voulu imposer le choix d’un chef de gouvernement contre un autre. L’Italie n’est quand même pas une république bananière ! […]«
Le Congrès CGT Confédéral est abondamment signalé pour 2019, mais les Congrès CGT départementaux pour la même année ne figurent pas, pour l’instant, sur Internet. Par exemple CGT des Bouches du Rhône – 13 –