Egoutiers : ce que veut dire espérance de vie en moins

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Ce reportage publié par Bastamag et l’Age de fer (à Lyon) doit être lu sur le métier d’égoutier. Nous publions le début de l’article et donnons accès à sa lecture complète. 13 ans d’espérance de vie en moins avec les cadres.

Télécharger l’article : Egoutiers « Supprimer le départ anticipé, c’était pas le deal »

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« Supprimer le départ anticipé, c’était pas le deal »

: aux côtés des égoutiers, trahis par la réforme des retraites par Fabien Ginisty (L’Âge de faire) – 20 février 2020

Le seul avantage dont bénéficient les égoutiers est leur retraite anticipée. Celle-ci est aujourd’hui menacée. La réforme des retraites ? « Dégueulasse », estiment ces ouvriers qui passent 900 heures sous terre chaque année, et ont une espérance de vie de treize ans inférieure à celle des cadres. Reportage à Lyon de notre partenaire L’âge de faire.

« L’agent soulève la lourde plaque qu’il dépose à côté du trou béant. S’en échappe une vapeur épaisse à l’odeur caractéristique, « l’odeur d’égout ». « C’est pas trop gênant, on s’y habitue. » Un deuxième agent sécurise le trou avec des barrières. Les gestes sont routiniers, les procédures bien en place : un premier regard a déjà été ouvert et sécurisé, quelques centaines de mètres plus loin, pour faire appel d’air. « Maintenant on attend 15 minutes avant de descendre, le temps que l’air soit moins chargé, que ce soit moins dangereux. » Un troisième agent a sorti le matériel du camion et commence à s’équiper : cuissardes, gants épais, masque filtrant, casque avec frontale, détecteur de gaz, harnais. Dans son dos, un « masque auto-sauveteur » avec une petite capsule d’oxygène, en cas d’extrême urgence. Par-dessus, une combinaison jetable. « On est toujours au moins trois en intervention. On ne descend jamais tout seul, et le troisième reste en surface pour la sécurité des passants, faire passer le matériel, et au cas où il y ait un problème en bas. » Nous sommes sur un grand boulevard lyonnais, un mardi matin de janvier. Une équipe d’égoutiers de la métropole de Lyon – ils sont 250 au total – s’apprête à poser une vanne de curage. C’est une opération qui fait partie du quotidien : le dispositif bloque les eaux en amont et les relâche mécaniquement à partir d’une certaine pression, de manière à créer un courant suffisant pour emporter les matières qui stagnent en aval. Plus loin, ces « sédiments lourds » se déposent, par gravité, dans des bassins de dessablement plus profonds que les canalisations, régulièrement curés par les égoutiers qui les remontent à la surface et les évacuent en station de traitement des boues.

[…]

Treize ans d’espérance de vie en moins qu’un cadre Encore faut-il qu’ils y arrivent : selon le médecin biologiste Claude Danglot, qui a étudié de près le cas des travailleurs parisiens, les égoutiers ont une espérance de vie de sept ans inférieure à l’espérance de vie des autres ouvriers. Ce qui fait treize ans d’écart avec les cadres, d’après l’Insee. Pascal Wild, chercheur à l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS), a calculé de son côté qu’avant 65 ans, un égoutier a deux fois plus de risques de mourir que la moyenne, surtout pour cause de risque accru de maladies digestives, de cancers et de suicide.« 

 

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