Jeunes et syndicalisme (suites)

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Nous avons rendu compte d’une journée d’étude à l’IRES sur les jeunes, le travail et l’engagement syndical (http://wp.me/p6Uf5o-20W). L’IRES a également publié au printemps 2018 un document suite à  un travail collectif  de chercheur-euses. 

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On peut télécharger l’étude complète ici : IresJeunesEtSyndicalismeJanvier2018_AOCGT2012-2(1)

Jeunes et mouvement syndical. Trajectoires d’engagements et stratégies organisationnelles (mai 2018)

Sophie BEROUD, Fanny CHARTIER, Camille DUPUY, Marcus KAHMANN,Karel YON

La syndicalisation des jeunes salariés constitue un défi central pour l’ensemble des organisations syndicales qui sont confrontées à une tendance lourde, celle du vieillissement de leurs effectifs en raison notamment du poids des générations engagées dans les années 1960 et 1970. C’est un défi qui concerne aussi bien les confédérations « historiques » que des organisations nouvelles venues dans le champ syndical. Les données statistiques produites par la DARES établissent à 5% le taux de syndicalisation des moins de 35 ans, contre 11,2% de l’ensemble des salariés.
Cette recherche interroge les rapports qu’entretiennent les jeunes salariés et les syndicats en focalisant sur les jeunes salariés engagés. Quelle place les organisations syndicales accordent-elles aux jeunes ? Du point de vue des jeunes salariés engagés : Comment regardent-ils le syndicalisme ? Qu’est ce qui caractérise leur engagement syndical et quelles pratiques observe-t-on ? Pour répondre à ces questions, la recherche s’est basée sur l’établissement d’une revue critique de la littérature, sur l’exploitation des données de la statistique publique (en particulier REPONSE et Conditions de travail), et sur la réalisation de six monographies ou études de cas. L’exploitation statistique montre que la syndicalisation des jeunes salariés, tout en restant inférieure à celle des salariés plus âgés, reste bien redevable des mêmes facteurs que celle des salariés en général : la stabilité de l’emploi, l’insertion dans un collectif de travail, la présence syndicale, la taille de l’établissement et un type de relations professionnelles dans lequel la place des syndicats est reconnue. En revanche, les données ne permettent pas d’étayer l’hypothèse générationnelle : Le taux de sympathie des jeunes salariés à l’égard des syndicats est faible, mais à la différence du taux de syndicalisation il ne varie pas de façon significative avec l’âge.
Les études de cas mettent en lumière les modalités de l’engagement des jeunes et d’en préciser les conditions. Si toutes les organisations syndicales enquêtées s’accordent sur le constat d’un déclin des effectifs, les jeunes travailleurs ne constituent pas toujours un public prioritaire. Nous y avons rencontré des réticences, voire des résistances à l’élaboration d’une politique syndicale spécifique en direction des jeunes, mais aussi des efforts à intégrer ou soutenir des initiatives alter- ou para-syndicales des jeunes. Du coté des jeunes engagés, nous constatons la diversité de leurs trajectoires sociales, contextes de travail et façons de s’engager. L’apprentissage des savoirs militants et techniques est un enjeu central pour tous les groupes. Les structures syndicales y ont un rôle important à jouer aussi bien que la transmission entre pairs, mais ces processus peuvent être fragilisés, à la fois par l’instabilité des collectifs de jeunes et des résistances parmi les
générations de militants plus avancées en âge et en situation de pouvoir. La création desconditions qui permettent non seulement l’entrée mais le maintien des jeunes dans l’engagement – et l’ouverture à leurs préoccupations souvent « nouvelles » à cause de leur position excentrée au salariat classique – parait ainsi un enjeu fondamental pour une politique syndicale de jeunesse.

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