Rétroviseur : la revue Collectif, une histoire syndicale (2)

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Comme nous n’avons déjà expliqué, le blog Syndicollectif.fr est un clin d’oeil amical et militant à une revue « papier » qui a existé entre le milieu des années 1980 et 1995 : la revue Collectif. Y participaient des syndicalistes CFDT, CGT, FEN, puis FSU, le Groupe des Dix et les SUD (avant la création de l’Union syndicale Solidaires en 1997), ainsi que des chercheurs et universitaires. Nous avions déjà (voir ici : https://wp.me/p6Uf5o-h) mis à disposition de nos lectrices et lecteurs une première série de numéros (de 1 à 11). Nous remercions Louis Marie Barnier, qui participait au Comité de rédaction de Collectif, d’avoir mis à disposition les derniers numéros (de 12 à 27).  Puisse ce rappel donner envie de renouveler l’aventure et la nécessité d’une vraie revue intersyndicale partagée (même en ligne), dont le besoin est crucial en ces temps où le syndicalisme n’est pas en grande forme.

  • Composition du Comité de rédaction de Collectif  : Patrick Akhimoff, Michel Angot, Jean-Pierre Anselme, Danielle Banneyx, Louis-Marie Barnier, Laurent Batsch, Henti Benoîts, Jean Boquet, Dominique Boury, Henri Célié, Isabelle Chauvenet, Philippe Cornelis, Marie Costas, Jeanne Couderc, Pierre Cours-Salies, Claude Debons, Michel Demars, Léon Dion, Marcel Donati, Alain Filou, Didier Gelot, Jean-Claude Genet, Dominique Guilbert, Jean-Luc Heller, Charles Huard, Annette Jobert, Dominique Jussienne, Jean-Pierre Lemaire, Robert Linhart, Daniel Lisembard, Jean-Michel Longchal, Jean-Pierre Martin, Bruno Negroni, Pierre-Yves Rebérioux, Daniel Richter, Danièle Riva, Chantal Rogerat, Serge Roux, René Seibel, Serge Seninsky, Jean-Philippe Sennac, Jacky Toublet, Marie-Françoise Vabre, Yorgos Vlandas, Serge Volkoff, Philippe Zarifian.
  • La couverture du numéro consacré à la Marche des chômeurs de 1994, avec l’éditorial de Claire Villiers (CFDT ANPE).

« Une nouvelle aventure humaine« 

« Un temps de chien ce 6 avril 94 à Carmaux (Tarn), un lieu de mémoire : Jaurès, la mine, la verrerie, mais pour le moment surtout un lieu humide !

Cela n’empêche nullement l’intensité du moment ; une sorte de gravité sur les visages. La gravité de ceux  et celles qui depuis plus d’un an ont travaillé pour arriver a  ce départ de la marche, la gravité de tous les participants : serons-nous nombreux, aussi nombreux  et  déterminés qu’il le faudra ? Mais surtout la gravité des  chômeurs  : une partie de notre avenir collectif se joue dans cette aventure . Car il s’agit bien de se lancer dans une nouvelle aventure humaine : celle qui a la folie de dire  :  nous allons abolir le chômage, nous allons en finir avec la résignation, l’exclusion, l’humi1iation, et pour cela nous allons marcher ! Marcher, tout un symbole  : quand  on marche on est debout, on s’est mis debout, on relève la tête pour voir où on va…marcher pour aller a la rencontre de tous ceux et celles que nous allons croiser, pour leur dire : venez, mettons nous en route ensemble. Nous marchons CONTRE : contre le chômage, contre cette organisation économique et sociale, contre la toute puissance de l’argent au service de quelques-uns…et  nous  marchons POUR : pour remettre le monde à l’endroit, pour que tous et toutes aient un avenir, pour « changer de logique  » comme le dit l’appel initial de AC! Nous ne connaissons pas la réponse a toutes les questions , nous n’avons pas toutes les solutions, mais nous avons quelques solides convictions que nous avons commencé a confronter dans les multiples débats. Nous faisons l’expérience dans les quelques 140 collectifs aujourd’hui à l’oeuvre qu’il est possible de débattre, souvent avec rudesse, et d’agir ensemble. Je suis émue disait Dominique à Nîmes le 16 avril ; il y a bien longtemps que nous n’avions pas été si  nombreux   mais  surtout  si  différents.  Emus mais aussi agacés les militants syndicaux qui ont mis toute leur énergie pour animer le collectif, pour préparer la marche : tout ça n’empèche pas les chômeurs d’en vouloir aux « syndicats », de se méfier farouchement de toute récupération. Néanmoins la discussion progresse, sur la nécessité de s’organiser, les chômeurs comme les salariés, sur les liens nécessaires ; mieux, la pratique commune retisse la confiance, le respect mutuel. Tous les équilibres sont difficiles a trouver : celui de la place respective des organisations et des simples « citoyens », celui  des questions et du « programme » qu’il faut faire avancer : la loi cadre pour les 35 heures de suite, le gel de tous les licenciements, un plan d’urgence pour améliorer la vie quotidienne. Chacun, chacune mesure peu a peu la nécessité absolue, l’urgence de changer radica1ement…tout ! Ca ne s’appelle pas « rompre avec le capitalisme » mais ça en a le goût, la couleur… L’animateur du collectif de  chômeurs  d’Aubenas, 20 ans environ, maghrébin, disait « ce qu’il nous faudrait c’est le socialisme…enfin, le vrai ! » . Il y a une radicalité très profonde dans les têtes, dans les mots et on mesure encore trop peu l’ampleur du désarroi  et de la colère  que la gestion de ces 10 dernières années a laissé ! Mais on n’aurait rien dit de la Marche si on ne racontait  pas tous ces gestes d’accuei1, de solidarité : un pot offert au bord  de la route on dans une maison de quartier,  des gâteaux, de l’eau donnés par les caissières d’un petit supermarché, avec quelques conseils : buvez beaucoup pour tenir  le coup ! Cailloux blancs sur le chemin, signes de reconnaissance ; il n’y a pas toujours besoin de grands discours pour dire une sorte d’identité de classe retrouvée.

« Face a nos patrons, il n’y a que des solutions collectives.. . Nous sommes les maillons d’une chaine de conscience qui se remplacent au fur et à mesure pour résister dans ce monde qui ne fait pas de cadeaux et qui écrase impitoyablement ceux qui restent isolés et sans défense. C’est pourquoi nous disons à ceux, trop nombreux, qui sont inorganisés de devenir des acteurs dans cette vie sociale on la passivité n’est pas la meilleure des attitudes et engendre cet égoîsme tant décrié qui arrange si bien les patrons et les décideurs… » C’est ainsi que la CGT de l’usine Perrier dans le Gard, avec 300 salariés, a accueilli les marcheurs ! Bonne route a toutes et tous ! « 

Claire Villiers 18 avril 1994

villiers_claire_portraitClaire Villiers (Maitron)

 

mai 1994-marche AC!

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4 comments

  1. Je ne comprends pas : on ne peut pas télécharger les n° complètement, il manque des pages. C’est dommage car cet historique permet de comprendre la difficulté de réaliser l’unité syndicale. Comment avoir ces pages manquantes.
    Merci pour votre réponse.

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