La Grèce au lendemain des élections – une chance pour l’Europe, non une menace
Le séisme politique qui a eu lieu en Grèce est une chance non seulement pour ce pays, qui est frappé de plein fouet par la crise, mais aussi pour repenser et corriger dans ses fondements les politiques sociales et économiques de l’UE.
Nous mettons en exergue ici de nouveau une critique à maintes reprises formulée ces dernières années par les syndicats : dès le début, les conditions déterminantes, sous lesquelles les aides financières ont été accordées à la Grèce, ne méritaient pas le qualificatif de « réforme ». Les milliards, qui ont été injectés en Grèce, ont été utilisés avant tout pour stabiliser le secteur de la finance. Dans le même temps, à cause de la brutalité des politiques d’austérité menées, le pays a été plongé dans la plus profonde récession qui puisse être et parallèlement a accumulé la dette publique la plus élevée de l’UE. Cela a eu pour conséquence de déclencher une crise humanitaire et sociale sans précédent en Europe : un tiers de la population vit dans la pauvreté, la couverture sociale a été massivement fragilisée, le salaire minimum a été abaissé de 22 %, le système de convention collective ainsi que d’autres droits protégeant ceux qui sont encore employés ont été démantelés. Enfin, ce sont précisément les catégories à faibles revenus qui font l’objet de pression fiscale supplémentaire. Le chômage est actuellement à 27 % et atteint même 58 % chez les jeunes. Nombreux sont ceux qui n’ont pas les moyens suffisants pour payer nourriture, électricité, chauffage et loyer. Une part importante de la population ne souscrit plus à une assurance maladie et a accès aux soins médicaux seulement dans les cas d’urgence. Ainsi, les résultats électoraux constituent un réquisitoire définitif contre ces politiques qui ont échoué.
Ces dernières n’ont rien à voir avec le concept de réforme. Elles sont dans les faits à l’origine des difficultés rencontrées par la Grèce. Aucun des problèmes structurels du pays n’a été résolu, mais au contraire de nouveaux ont été générés. Ces politiques ont été des politiques pour démanteler et non pour construire. Des réformes structurelles dignes de ce nom ouvrent au contraire de nouveaux horizons au pays afin que celui-ci renoue avec la croissance économique, au lieu de chasser toute une génération de jeunes hautement qualifiés vers l’étranger. De véritables réformes structurelles s’attaquent sans détour à la fraude et l’évasion fiscales. De véritables réformes structurelles luttent contre les politiques clientélistes et la corruption sur les marchés publics. Le nouveau gouvernement grec doit relever de nombreux défis : mener un projet de reconstruction et de développement, qui devra faire partie d’un « plan d’investissement européen », comme le demandent depuis longtemps les syndicats. Aussi, il devra créer les conditions nécessaires pour que de tels projets aboutissent.
Il faut réellement négocier avec le gouvernement grec sans chercher à faire pression, afin de dépasser les politiques d’austérité et d’ouvrir des perspectives sociales et économiques au pays. Ceci s’applique en particulier aux conditions dévastatrices acceptées par le gouvernement précédent, maintenant désavoué par les urnes, en vue d’obtenir des emprunts internationaux. L’Europe ne doit pas s’obstiner dans la poursuite d’une politique aux dépens des peuples, une politique qui a été rejetée sans équivoque par la majorité des électeurs et électrices. Dire « ça ne fait rien, on continue » n’est pas une option !
Le désaveu des responsables des politiques menées jusqu’à maintenant en Grèce est une décision démocratique, qui doit être respectée au niveau européen. Il faut laisser sa chance au nouveau gouvernement. Ceux qui réclament la poursuite des soi-disantes réformes en cours contestent de facto au peuple grec le droit à mener dans son pays une politique de réorientation légitimée démocratiquement. S’il s’avérait qu’une telle politique de réorientation ne serait possible que dans le cas où d’une sortie de la Grèce de l’Union monétaire européenne, alors ceci prouverait l’incompatibilité des institutions européenne avec les décisions démocratiques prises au sein des États membres. C’est ce qui permet aux courants nationalistes, actuellement en plein essor en Europe, d’avoir d’autant plus le vent en poupe.
Le déficit de légitimation démocratique au niveau européen, régulièrement déploré, et qui reste toujours non résorbé, ne doit pas venir aggraver les carences démocratiques que connaissent les États membres. La démocratie au niveau de l’Union européenne doit être renforcée, si l’on veut donner une nouvelle crédibilité au projet européen, comme nombre d’entre nous l’avaient mis en avant en 2015 dans le cadre de l’appel « Fonder une nouvelle Europe ! ». Ce n’est pas le diktat de l’austérité qui fortifiera le projet européen, mais seulement l’initiative démocratie impulsée par le bas en vue d’instaurer la reconstruction économique et plus de justice sociale.
Cette initiative doit être soutenue maintenant au nom de l’intérêt du peuple grec, qui donne aussi une nouvelle impulsion en faveur d’une réorientation politique en Europe. La percée politique en Grèce doit être vue comme une chance pour établir une Europe à la fois sociale et démocratique !
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Languages
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Erstunterzeichnende
Reiner Hoffmann, DGB
Frank Bsirske, ver.di
Robert Feiger, IG BAU
Alexander Kirchner, EVG
Michaela Rosenberger, NGG
Marlis Tepe, GEW
Michael Vassiliadis, IG BCE
Detlef Wetzel, IG MetallGewerkschaftsvorsitzende
anderer LänderErich Foglar, Vorsitzender des österreichischen Gewerkschaftsbundes ÖGB
Wolfgang Katzian, GPA-djp (Gewerkschaft der Privatangestellten, Druck, Journalismus und Papier), Österreich
Joan Carles Gallego, CCOO de Catalunya
Ulrich Eckelmann, Generalsekretär industiAll European Trade Union
Paul Rechsteiner, Vorsitzender des Schweizer Gewerkschaftsbundes SGBWeitere Erstunterzeichnende
Prof. Elmar Altvater,
Sozialwissenschaftler
Prof. Brigitte Aulenbacher, Sozialwissenschaftlerin
Klaus Barthel, MdB, SPD, AfA-Vorsitzender
Christiane Benner, IG Metall
Prof. Hans-Jürgen Bieling, Sozialwissenschaftler
Dr. Reinhard Bispinck, Sozialwissenschaftler
Prof. Gerhard Bosch, Sozialwissenschaftler
Prof. Ulrich Brand,
Sozialwissenschaftler
Prof. Christine Brückner, Erziehungswissenschaftlerin
Dr. Udo Bullmann, MdEP, SPD
Annelie Buntenbach, DGB
Prof. Dr. Frank Deppe, Sozialwissenschaftler
Prof. Klaus Dörre,
Sozialwissenschaftler
Prof. Trevor Evans, Wirtschaftswissenschaftler
Jens Geier, MdEP, SPD
Thomas Händel, MdEP, Die Linke
Elke Hannack, DGB
Prof. Arne Heise, Wirtschaftswissenschaftler
Prof. Rudolf Hickel, Wirtschaftswissenschaftler
Olivier Höbel, IG Metall
Jörg Hofmann, IG Metall
Institut Solidarische Moderne, Vorstand
Dr. Andreas Keller, GEW
Jürgen Kerner, IG Metall
Cansel Kiziltepe, MdB, SPD
Stefan Körzell, DGB
Dr. Steffen Lehndorff, Sozialwissenschaftler
Wolfgang Lemb, IG Metall
Prof. Birgit Mahnkopf, Sozialwissenschaftlerin
Lisa Paus, MdB, Bündnis 90/Die Grünen
Prof. Thomas Sauer, Wirtschaftswissenschaftler
Thorsten Schäfer-Gümbel, MdL Hessen, SPD, stv. Vorsitzender
Dr. Wolfgang Schäfer-Klug, Gesamtbetriebsrats-Vorsitzender
Armin Schild, IG Metall, Mitglied des SPD-Parteivorstands
Prof. Mechthild Schrooten, Wirtschaftswissenschaftlerin
Dr. Thorsten Schulten, Sozialwissenschaftler
Irene Schulz, IG Metall
Prof. Michael Schumann, Sozialwissenschaftler
Dr. Ralf Stegner, SPD, stellv. Vorsitzender, MdL in Schleswig-Holstein
Jutta Steinruck, MdEP, SPD
Prof. Olaf Struck,
Sozialwissenschaftler
Dr. Axel Troost, MdB, Die Linke
Dr. Hans Jürgen Urban, IG Metall
Prof. Frieder Otto Wolf, Philosoph
Prof. Karl Georg Zinn, Wirtschaftswissenschaftler
Roman Zitzelsberger, IG Metall
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Il n’est pas interdit de signaler que ce texte a été aussi signé par des syndicalistes français. Le syndicalisme français pourrait aussi s’honorer d’exprimer des positions internationalistes et surtout de développer des actions concrètes de solidarité et d’information avec le mouvement syndical grec et avec le peuple grec, qui ne pourra gagner seul. Mais en se battant pour lui et avec lui, nous nous battons aussi pour nous, contre le social-libéralisme et l’austérité hollandais !