Soutien au peuple du Bélarus

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Cet article bien documenté sur les grèves et mouvements sociaux en Biélorussie est tiré du Bulletin N° 4 du Réseau syndical international de solidarité et de luttes, dont nous avons publié le sommaire et l’accès complet (ici : https://wp.me/p6Uf5o-3EF).

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Après 26 ans de dictature, soutien au peuple du Bélarus !

 
 Après 26 ans de dictature et une énième mascarade électorale dimanche 9 août 2020, le peuple Bélarusse est descendu dans les rues dès le soir des résultats annonçant la « ré-élection » du dictateur Alexandre Loukachenko avec 80 % des voix contre 10% pour sa principale opposante.

Dans ce pays de près de 10 millions d’habitants l’opposition a toujours été systématiquement réprimée dans la violence. Des atteintes aux droits de l’Homme sont régulièrement signalées par Amnesty International : journalistes et opposants arrêtés, peine de mort toujours en vigueur, corruption et passe-droits pour le clan du dictateur. Dans le même temps, les droits du travail de la classe ouvrière sont continuellement violés, ainsi que la violence contre les femmes réduite au silence et cachée. Face à la tentative de normaliser et de poursuivre toutes ces violences contre la population, le peuple bélarusse s’est levé avec détermination pour faire valoir ses droits les plus élémentaires.

Le jour des élections, de nombreuses falsifications et irrégularités ont été constatées à travers tout le pays. Le soir des résultats le peuple Bélarusse n’a pas accepté d’être une nouvelle fois méprisé. Des dizaines de milliers d’entre eux/elles sont descendu.e.s dans les rues, défiant les OMON et le pouvoir à travers tout le pays. Des manifestations d’une ampleur inédite, déstabilisant encore un peu plus la version officielle du Gouvernement. Depuis dimanche 9 août, les manifestations sont quotidiennes et massives, la répression est très forte : au moins deux manifestants ont été tués, plus de 7000 arrestations arbitraires ont été dénombrées, les témoignages reportant viols, tabassages et humiliations par les forces de sécurité se sont multipliés et la police a justifié l’usage d’armes à feu sur la foule.

Des appels à la grève générale ont été lancés, de nombreuses usines sont désormais en grève et le mouvement semble faire tache d’huile à travers tout le pays. Des milliers d’ouvrier.e.s des principales usines du Bélarus ont voté la grève, comme à l’usine automobile d’engins miniers et industriels BELAZ, fleuron de l’économie du pays. Désormais des cheminot.e.s, des personnels hospitaliers, des employés des secteurs informatiques ou chimiques ont cessé le travail. Des ultimatums dans de nombreux secteurs d’activités ont été posés par les salarié.e.s exigeant la démission du dictateur et la libération des prisonnier.e.s politiques. Des fonctionnaires ont démissionné.

Plus que jamais nous devons être solidaires des manifestant.e.s au Bélarus : En plus d’une main mise sur l’ensemble des ressources du pays par le dictateur Loukachenko et son clan, le Bélarus subit une très forte crise économique depuis plusieurs mois. À cela s’est ajoutée une gestion calamiteuse de la pandémie de la COVID-19 : en plus de nier la réalité de l’avancée de l’épidémie dans le pays, le dictateur Loukachenko conseillait à son peuple de boire de la vodka pour se prémunir du virus, gonflant un peu plus la défiance des bélarusses envers le pouvoir en place.

Les organisations membres du Réseau syndical international de solidarité et de luttes soutiennent la grève générale en cours et les manifestations populaires demandant le départ d’Alexandre Loukachenko et le respect des Droits universels. Nous condamnons fermement la répression brutale d’un régime qui n’a plus que cet argument pour se maintenir au pouvoir et exige la libération de tou.te.s les prisonnier.e.s politiques incarcérés.

- Les employés de MAZ ont scandé lors de leur réunion : « Partez, partez, partez ! » Après avoir rencontré les dirigeants, ils se sont dispersés aux cris de « Vive la Biélorussie ! »
- L’usine de tracteurs de Minsk s’est jointe à la grève. Les travailleurs de l’entreprise se sont réunis pour discuter de la situation dans le pays et présenter leurs revendications :
- Les cheminots ont participé à l’action de solidarité, ils tenaient des fleurs et des pancartes avec l’inscription « BelZhD contre la violence ».
- La société informatique Rozum Robotics a entamé une grève illimitée.
- Le collectif des employés de Belenergosetproekt a transmis une lettre au président du Syndicat biélorusse des travailleurs de l’énergie avec des revendications. Si aucune réponse n’est donnée dans les 24 heures, les travailleurs prévoient de quitter le syndicat.
- Environ 50 personnes ont organisé une action de solidarité dans la plus grande entreprise de construction de Biélorussie MAPID (Minsk Industrial House Building Lease Enterprise), elles se sont alignées dans une chaîne humaine le long de la route.
- Chez l’un des plus grands fabricants mondiaux d’équipements de carrière, l’usine automobile biélorusse (BelAZ), les employés ont suspendu le travail, quitté les ateliers et se sont rendus à l’entrée centrale, où ils ont scandé « Va-t’en ! et « Vive la Biélorussie ! »
- Lors de la réunion du collectif « Grodno Azot », les travailleurs ont exprimé leur désaccord avec les résultats des élections. Les employés de l’entreprise ont déclaré ne pas reconnaître les résultats des élections et se préparer également à se mettre en grève. Chaque jour, ils prévoient d’augmenter la durée de la grève d’une heure
- Les travailleurs de Grodnopromstroy ont également rejoint l’action de solidarité. Plus de 3 mille personnes demandent de ne pas détenir de citoyens, de libérer les détenus. Au JSC « Grodnozhilstroy » après la réunion de planification du matin, 200 ou 300 personnes ne sont pas allées travailler. Ils ont envoyé un appel au comité exécutif régional de Grodno et à l’UVD régional avec un appel pour arrêter la persécution des citoyens et l’utilisation d’armes contre les sans défense.
- Les employés de la société « Terrazit Plus » ont annoncé aujourd’hui une grève illimitée. C’est plus de 130 personnes.
- Dans l’entreprise « Khimvolokno », il y a eu une réunion entre le maire et le chef du département des affaires intérieures du comité exécutif régional avec le personnel de l’entreprise.
- Les employés de Belkard ont également exprimé des exigences envers la direction.
- Une grève à durée indéterminée a été annoncée par la société Grodno VIRPIL Controls et leur usine de production de systèmes de contrôle et d’accessoires pour avions et simulateurs spatiaux (joysticks).
- L’usine de margarine de Minsk s’est arrêtée, les gens ont quitté le travail en masse.
- Installation de dispositifs à semi-conducteurs « Integral ». Certains travailleurs ont commencé à faire grève.
- Institut de métallurgie des poudres : environ deux douzaines d’employés ont quitté leur emploi pour protester contre la fraude électorale.
- Des colonnes de grévistes ont marché autour de Minsk, ils ont soutenu des collègues d’autres usines. Ainsi, les employés de Belenergotekhproekt sont allés soutenir leurs collègues de l’usine électromécanique.
- Des colonnes de grévistes ont été klaxonnées par les voitures et applaudies par les passants. À l’Institut de chimie des nouveaux matériaux de l’Académie nationale des sciences de Biélorussie, les employés sont descendus dans la rue à côté de l’Institut et applaudissent. Les chauffeurs ont soutenu les grévistes.
- Les chauffeurs de la 4ème flotte de trolleybus de « Minsktrans » refusent d’aller travailler sur le deuxième quart après avoir été informés de la blessure du chauffeur de bus.
- Usine métallurgique biélorusse (BMZ) : plusieurs ateliers ont cessé de fonctionner. Les grévistes ont présenté des revendications politiques : la libération des prisonniers politiques dans le pays et la tenue d’élections présidentielles libres.

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