Ci-dessous l’appel à la grève générale le 5 août 2019 par la Confédération des syndicats de Hong Kong (HKCTU), ainsi que les revendications exigées. Il est à noter que cet appel qualifie la grève du 5 août comme explicitement « politique« . Cet article est tiré du site du Réseau Syndical International de Solidarité et de Luttes, dans lequel participe l’Union syndicale Solidaires.
Wikipedia : « La Confédération des syndicats de Hong Kong (HKCTU; Chinois : 職工 會 ) est un groupe syndical et politique en faveur de la démocratie à Hong Kong . Il a été créé en 1990. Il compte 160 000 membres répartis dans 61 syndicats affiliés et est représenté au Conseil législatif de Hong Kong (LegCo) pour contester les politiques gouvernementales et faire pression pour la protection juridique des droits des travailleurs et des syndicats« .
4 août 2019
Traduction de l’anglais en français par l’Union syndicale Solidaires, non relue par HKCTU.
Au cours des deux derniers mois, la population de Hong Kong a donné son avis sur le projet de loi relatif à l’entraide judiciaire entre Etats en matière pénale (dénommé dans ce qui suit loi sur l’extradition), lors de plusieurs rassemblements et manifestations, dont ceux des 9 et 16 juin derniers.
Le nombre de participant.es à ces deux journées de mobilisation a atteint respectivement 1,03 million et 2 millions de personnes, ce qui est sans précédent non seulement à Hong Kong, mais aussi dans le monde.
Néanmoins, la Cheffe de l’exécutif, Carrie Lam, continue de ne pas tenir compte des revendications de la population. Elle refuse d’annoncer le retrait définitif de ce projet de loi malfaisant. Simultanément, le gouvernement ferme les yeux sur les cinq revendications, et envoie les forces de police pour réprimer violemment les manifestations.
L’attitude arrogante du gouvernement de la Région administrative spéciale de Hong Kong, ainsi que la répression violente par la police ont encore plus exacerbé la colère de la population, ce qui a entraîné la persistance des manifestations et autres mobilisations.
Le soir du 21 juillet, un groupe de brutes portant des tee-shirts blancs, que l’on présume être liés aux triades (mafia), a commis des agressions aveugles contre des citoyen.nes ordinaires avec des armes telles que des bâtons en rotin et des matraques en bois. Comme le montrent divers clips vidéo, ces émeutiers se sont précipités à Yuen Long dans la station de métro et les trains, et ont attaqué frénétiquement les personnes présentes, tandis que d’autres ont frappé des piétons et des véhicules dans les rues.
Néanmoins, selon les médias, la police n’a pas été déployée à temps pour arrêter le chaos et assurer la sécurité du public. Et cela malgré les appels d’urgence lancés à plusieurs reprises par des personnes présentes.
Par ailleurs, de nouvelles videos ont montré que des policiers ont discuté de façon amicale avec les voyous en tee-shirts blancs, et qu’ensuite, aucun contrevenant n’a été appréhendé sur les lieux.
L’opinion générale est qu’il s’agissait s’agit d’attaques terroristes contre des citoyen.nes innocent.es, organisées conjointement par la police et les triades (mafia).
Ce genre de violence a sérieusement heurté les principes de base de la population de Hong Kong, et en a mis encore plus en colère un grand nombre d’autres.
Les fonctionnaires, qui jusqu’à présent exprimaient rarement leurs opinions sur les événements sociaux ou politiques, ont publié une succession de déclarations collectives. Ils/elles ont même organisé des rassemblements pour condamner les actes de violence et exiger des hauts fonctionnaires du gouvernement et de la police la mise en place d’une commission indépendante chargée d’enquêter sur les brutalités commises par les forces de police.
En tant que salarié.es, Hong Kong est le foyer de notre carrière, de nos familles, de nos proches et de nos moyens de subsistance.
Nous ne voulons pas voir l’effondrement et la désintégration de Hong Kong. Il est de notre responsabilité de protéger ce foyer qui est le nôtre.
Nous avons vu que les enfants de Hong Kong ont eu suffisamment de courage pour descendre dans la rue, et qu’ils/elles ont été brutalement traité.es par la police.
Nous ne pouvons plus continuer à fermer les yeux sur la situation. Hong Kong nous appartient à tous et toutes, et ne peut être contrôlée et détruite par une petite minorité..
Pour ces raisons, indépendamment de la classe sociale, de la profession et de l’emploi occupé, la Confédération des syndicats de Hong Kong (HKCTU) appelle tous les salarié.es de l’ensemble de Hong Kong, à participer à la grève du 5 août.
Nous exigeons du gouvernement qu’il réponde aux cinq revendications formulées par la population de Hong Kong :
a) Le retrait définitif du projet de loi d’extradition ;
b) La libération sans inculpation des manifestant.es arrêté.es, ;
c) Le retrait de la qualification d’émeute de la manifestation du 12 juin ;
d) Une enquête indépendante sur les violences policières et les abus de pouvoir ;
e) L’instauration pleine et entière du suffrage universel.
En ce qui concerne la grève du 5 août, HKCTU a lancé les quatre appels suivants à tous/toutes les employeurs/euses et employé.es de Hong Kong :
1. Nous en appelons aux employeurs/euses de tout ordre pour qu’ils/elles fassent preuve de compréhension et de bienveillance. Le projet d’amendement de la loi sur l’extradition ne menace pas uniquement les salarié.es et les citoyen.nes ordinaires. Il peut également porter gravement atteinte au cadre dans lequel fonctionnent les entreprises, et affecter la confiance des investisseurs.
Dans de nombreuses entreprises et organismes, des grèves auront spontanément lieu, ou des aménagements horaires seront mis en oeuvre pour permettre aux employé.es de participer à la lutte contre le projet de loi. HKCTU exhorte les employeurs/euses à prendre acte de la grève du 5 août, ou à prendre des dispositions spéciales pour permettre aux salarié.es de participer aux divers rassemblements.
2. Nous appelons les salarié.es à participer aux différents rassemblements, à faire circuler l’information, à inviter leurs collègues sur leur lieu de travail et la branche d’activité à y participer également.
Les salarié.es peuvent commencer par remettre officiellement à leur employeur/euse ou supérieur.e hiérarchique un texte réitérant leur opposition au projet d’amendement de la loi sur l’extradition.
Ils/elles peuvent ensuite, pour l’avenir de Hong Kong, décider de se mettre en grève et participer aux divers rassemblements organisés le 5 août.
3. Nous appelons également les syndicats de tous les horizons à demander officiellement à l’employeur ou à la direction d’accepter que les employé.es participent aux rassemblements du 5 août en se mettent pour cela en grève. Nous leur demandons également de souscrire aux mesures de protection des salarié.es proposées par le syndicat.
Nous soulignons que cette grève est une grève politique, ce qui lui donne une nature différente des grèves concernant les conflits du travail. La cible de cette action de résistance est ni les employeurs/euses, ni l’encadrement, mais l’acquittement d’un devoir civique ainsi que la protection de l’avenir de Hong Kong.
Pour ces raisons, nous attendons des employeurs/euses qu’ils/elles mettent de côté leurs intérêts particuliers, et soutiennent les demandes des salariée.es ainsi que les mesures de protection les concernant proposées par les syndicats.
Ces diverses protections comprennent :
l’absence de réduction d’avantages sociaux suite à la participation à la grève,
l’absence de mesures disciplinaires à l’encontre des grévistes,
l’absence de discriminations à l’encontre des grévistes.
4. Si un.e salarié.e est victime d’un traitement injuste ou de discriminations suite à sa participation à la grève, nous exhortons les travailleurs/euses concerné.es de contacter HKCTU et le syndicat affilié concerné, afin d’obtenir de l’aide. Dans le passé, de nombreuses luttes ouvrières ont montré que, même si la législation en vigueur ne protège pas suffisamment les actions revendicatives, les employé.es peuvent toujours résister aux violations déraisonnables de la législation sociale si ils/elles restent uni.es et s’entraident en période de difficultés.
Dans le même temps, nous exhortons également les employé.es qui ne sont pas encore membres du syndicat à le faire le plus rapidement possible. Les salarié.es qui n’ont pas de syndicat indépendant de l’employeur sur leur lieu de travail peuvent également envisager de créer leur propre syndicat afin de renforcer la protection des luttes futures en disposant d’une force collective.