Anthony Smith suspendu : deux mois de scandale

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Les 15 et 16 juin 2020, des rassemblements ont eu lieu dans toute la France pour protester contre la « suspension » de ses fonctions de l’inspecteur du travail Anthony Smith, ex-secrétaire national du SNTEFP-CGT (syndicat des agent-es du ministère du travail).

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Anthony Smith suspendu : deux mois de scandale

 

A Paris, un rassemblement d’une centaine de personnes s’est tenu le 16 juin devant le Ministère du travail, non loin du lieu de la mobilisation des personnels de santé le même jour. 150 personnes avaient pris part à une action de ce type à Chalons-en-Champagne le 15 juin, en présence de Bernard Thibault qui siège à l’Organisation Internationale du Travail (OIT). Dans toutes les régions de France, des initiatives identiques ont eu lieu. Nous sommes deux mois (c’était le 15 avril) après qu’Anthony Smith a été « suspendu » de ses fonctions d’inspecteur par sa hiérarchie locale (la direction du travail de la Marne), très soutenue à l’évidence par la ministre Murielle Pénicaud.

Que lui a-t-on reproché ? D’avoir fait son métier : exiger d’un employeur (un personnage influent à Reims, première ville de la Marne) des masques pour le personnel d’un EHPAD, et d’avoir lancé une procédure de référé devant l’inaction. A ce moment-là les consignes du gouvernement sur le port du masque étaient loin d’être claires. En effet il avait même laissé entendre, pour « masquer » la pénurie, que cette précaution aujourd’hui évidente n’était pas efficace ! On comprend donc pourquoi la banderole intersyndicale (CGT, CNT, SNU-FSU, SUD) affiche le mot d’ordre : « Nous ne nous tairons pas » !

Depuis, une pétition nationale de soutien en est à 150 000 signatures. Un Comité de soutien a été mis sur pied avec plusieurs dizaines de personnalités syndicales, politiques, associatives. Cette solidarité s’est propagée dans le ministère, enrayant en partie son fonctionnement pendant la période du confinement. En effet, les réunions en télétravail étaient bloquées par les personnels sensés y participer, qui s’y refusaient en lisant des déclarations de soutien à leur collègue.

Où en est-on aujourd’hui de la procédure de suspension ? Nulle part. Ce qui renforce la colère des syndicalistes devant une pure provocation d’un ministère sensé protéger le droit du travail. Aucun dossier disciplinaire n’a été ouvert deux mois après la sanction arbitraire. Or la procédure de suspension ne peut durer que quatre mois, donc jusqu’en plein été.

Plusieurs personnalités du Comité de soutien ont pris la parole ce mardi 16 juin. Simon Picou, pour le syndicat CGT des inspecteurs, a rappelé la convention de l’Organisation internationale du travail qui garantit l’indépendance des inspecteurs-trices « de toute influence extérieure indue ». Le Code du travail précise également que l’inspecteur est seul à prendre la décision de poursuite en référé pour une infraction, ici en matière de santé. Pour la confédération CGT, Sophie Binet a mis l’accent sur une « affaire emblématique », qui concerne la protection de salarié-es « vulnérables » (personnel EPHAD), « très exposé-es » aux risques du COVID-19.  Il y a à l’évidence une volonté de « remise au pas de l’inspection du travail ». La députée France Insoumise Mathilde Panot, qui co-anime le Comité de soutien, présente avec Adrien Quatennens, souligne « un combat d’intérêt général » sur le rôle de l’inspection du travail, alors que la crise économique et sociale va s’aggraver, avec des centaines de milliers de chômeurs en plus : il ne faut surtout pas « baillonner les gens ». Annie Thébaud-Mony, médecin et chercheuse en santé au travail, défend l’idée que les inspecteurs du travail doivent bénéficier du « droit de retrait » devant des urgences de santé, dans un secteur souvent « menacé de sanctions ». Gérard Filoche, ancien inspecteur du travail, porte-parole de GDS, explique que cette action vaut « pour tous les salarié-es ». C’est presque au même moment où des juges sollicités ont estimé qu’il fallait « porter des masques » que Anthony Smith a été « sanctionné ». Après des interventions du PCF, de la Convergence pour les services publics, du NPA, Simon Picou (CGT) conclut que le ministère semble très « gêné » par la situation, ce qui ne l’a cependant pas empêché de proposer à Anthony Smith de « signer une courrier » reconnaissant qu’il avait « mal agi ». Un comble !

Jean-Claude Mamet

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Pour rappel le comité dispose d’une site SoutienAnthonySmith.fr d’ une page Facebook ainsi qu’un compte Twitter sur lesquels nous partagerons les actualités de notre lutte. 

La pétition lancée par Thomas sur Change.org est aussi un lieu d’expression important

 

Pour continuer à signer l’appel :

Premiers signataires : Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT ; Benoît Teste, secrétaire général de la FSU ; Cécile Gondard-Lalanne, porte-parole de l’union syndicale Solidaires ; Estellia Araez, présidente du Syndicat des avocats de France ; Katia Dubreuil, présidente du Syndicat de la magistrature ; Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne ; Aurélie Trouvé, porte-parole d’Attac ; Suzy Rojtman, porte-parole du Collectif national pour les droits des femmes ; Malik Salemkour, président de la Ligue des droits de l’homme ; Caroline De Haas, militante féministe ; Bernard Thibault, représentant des travailleurs au conseil d’administration de l’OIT ; Clémentine Autain, députée de Seine-Saint-Denis ; Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon, sociologues, anciens directeurs de recherche du CNRS ; Nicolas Silhol, réalisateur (du film Corporate) ; Jean-Luc Mélenchon, président du groupe LFI à l’Assemblée ; Nathalie Arthaud, porte-parole de Lutte ouvrière ; Fabien Roussel, secrétaire national du PCF ; Olivier Faure, premier secrétaire du PS ; Christine Poupin, porte-parole du NPA.

Pour voir la liste des 145 personnalités signataires (responsables politiques, syndicalistes, militant·es associatif·ves, féministes, artistes, intellectuel·les), cliquez sur ce lien.

 

 

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