Voici la réaction CGT au discours de politique générale du Premier ministre le 15 juillet 2020. Et dans la foulée un commentaire plus bienveillant sur le « changement de méthode » noté à la rencontre entre Jean Castex et les syndicats à la « conférence sociale » du vendredi 17 juillet.
Discours de politique générale :
Le premier ministre annonce un virage… à 360° !
Rien pour les « premiers de corvée » !
C’est dans une intervention conjuguant négation de la réalité sociale et des aspirations du monde du travail que le Premier ministre a lu le discours de politique générale de son gouvernement de « combat ».
Dans cette assemblée étonnamment bruyante pour un moment aussi formel, le premier ministre a confirmé qu’il ne changerait pas de cap : poursuite des cadeaux aux entreprises et particulièrement aux grands groupes, protection des actionnaires et de leurs dividendes, sans apporter aucune réponse à celles et ceux qui, quotidiennement comme durant la crise sanitaire, ont œuvré avec courage et abnégation au bon fonctionnement de la nation.
Malgré 100 milliards d’euros dédiés au « Plan de relance », aucune mesure salariale n’est envisagée pour les « bas salaires », alors que le gouvernement pourrait décider sans attendre de l’augmentation du SMIC et des minima sociaux.
Les aides aux entreprises et autres allègements de cotisations sociales ne sont soumis à aucun contrôle, aucune exigence de devoir rendre des comptes… juste une « invitation » à modérer le versement de dividendes aux actionnaires !
Aucun soutien à la hauteur des enjeux pour l’industrie, comme le propose la CGT, notamment dans les domaines de l’imagerie médicale, de la fabrication de bouteilles d’oxygènes, du tri et du recyclage, de l’aéronautique, etc…
Pour réduire les inégalités et les déficits publics, il faut, tout au contraire, travailler moins pour travailler tous, en opposition à la baisse du pseudo « coût du travail » et du « travailler plus ». La CGT revendique le passage aux 32h et l’augmentation générale des salaires.
L’annonce d’un nouvel acte de décentralisation au travers d’un projet de loi « organique » est sans doute la seule annonce véritable de ce discours convenu. Il conviendra de conjuguer les spécificités territoriales, tout en maintenant un des principes fondateur de notre République « une et indivisible ».
Pour ce qui est de la forme, le premier ministre dit faire de la concertation et de la négociation sociale sa méthode. Il renvoie dès ce vendredi à une « Conférence sociale » afin de convenir d’une méthode et d’un calendrier de discussions et de négociations dans le cadre de la mise en œuvre du « Plan de relance ».
Pêle-mêle, y seront abordés les questions d’un « Plan pour la jeunesse », la réforme de l’assurance chômage, la création d’une 5ème branche de la Sécurité Sociale, le partage de la valeur dans les entreprises (intéressement et participation). La CGT y participera et présentera, de nouveau, ses propositions et revendications.
La CGT porte des propositions, notamment :
– Augmentation du SMIC et des minima sociaux,
– Contrôle des aides publiques aux entreprises et conditionnement des aides au maintien et au développement de l’emploi,
– Mise en place de filières industrielles et réappropriation de secteurs stratégiques et de recherche,
– Renforcement des moyens pour la fonction publique et les entreprises publiques, arrêt des privatisations,
– Sécurité Sociale Professionnelle…
Concernant le projet de réforme des retraites, l’annonce de la suppression des « régimes spéciaux » est caractéristique de la non prise en compte de la mobilisation sociale historique de fin 2019 / début 2020.
Même s’il est contraint de temporiser son projet de réforme systémique, le gouvernement vise à la poursuite «quoi qu’il en coute » de son projet de réforme des retraites alors même que toutes les organisations syndicales de salarié-e-s comme patronales ont demandé à ne plus mettre cette question dans l’agenda social.
Elément politique surprenant pour quelqu’un qui se dit héritier d’un « gaullisme social », le lien fait entre les questions de la laïcité, la lutte contre l’Islam radical et les violences dans certaines villes et lors de manifestations publiques… la CGT dénonce cet amalgame et ce virage sécuritaire qui va à l’encontre des valeurs républicaines.
Montreuil, le 15 juillet 2020
- Communiqué du 17 juillet 2020:
Conférence sociale : des premiers reculs à confirmer grâce à la mobilisation sociale
Conformément à ses engagements, le Premier ministre a reçu ce jour les organisations syndicales et patronales pour une « Conférence du dialogue social », confirmant ainsi les propos de son discours de politique générale qui placent le dialogue et la démocratie sociale aux cœurs des enjeux sociaux, économiques et environnementaux de la période.
Sur la forme, la CGT note un changement de méthode et une meilleure considération des organisations syndicales comme actrices incontournables sur les sujets du travail, de l’emploi des jeunes, de la lutte contre le chômage et de la relance de l’économie.
Sur la méthode de travail présentée, la CGT prend acte avec satisfaction des engagements du Premier ministre concernant les projets de réformes de l’Assurance Chômage et des retraites. Au-delà d’un « simple » report de calendrier, c’est le contenu même de ces réformes qui sera ouvert à discussions/négociations.
Assurément, les mobilisations sociales de 2019 et 2020 ont lourdement influencé ce choix politique qui n’est en rien du seul fait de la crise sanitaire. C’est bien la démonstration que seul le dialogue social conjugué à un rapport de force permet des avancées pour le monde du travail.
La construction inédite de réunions de « suivi et d’évaluation » au plan national et en territoire est aussi à saluer. Les organisations syndicales territoriales auront en ce sens un rôle prépondérant.
La CGT s’inscrira dans l’ensemble des rendez-vous nationaux comme en territoire et organisera, autant que de besoin, les mobilisations sociales les plus larges afin de réellement peser sur chacun des dossiers.
Mais ces premières avancées ne peuvent cacher l’obstination gouvernementale et patronale qui considère le salaire comme l’ennemi de l’emploi.
Le Premier ministre refuse toute augmentation du smic et des minima sociaux ! Avec en plus un patronat bien plus prompt à recevoir des aides et des exonérations sans contreparties, à verser des dividendes aux actionnaires qu’à augmenter les salaires, le retour à la croissance via la consommation des ménages est impossible.
Plus que jamais, la mobilisation sociale doit se faire entendre pour une politique publique d’investissement, pour l’emploi, pour les salaires et la diminution du temps de travail, pour notre système de protection social et nos retraites… C’est tout le sens de l’appel à la mobilisation et à la grève du 17 septembre prochain !
Montreuil, le 17 juillet 2020