Après la journée réussie du 26 janvier (CGT, FO, Solidaires, et des syndicats FSU), de nouvelles actions se préparent en prévision des négociations avec le ministère sur le point d’indice des salarié-es de la fonction publique. Ci-dessous la Lettre de la FSU aux agents de la Fonction publique et un premier communiqué unitaire CGT, FO, FSU, Solidaires, FAFT.
- Lettre de la FSU : A toutes et tous les agents de la Fonction publique (Les Lilas, le 16 février 2016)
Le 17 juin 2015, la ministre de la Fonction publique M. Lebranchu, avait déclaré : « la rémunération des fonctionnaires n’est pas juste »
Pour la FSU, il faut donc leur rendre justice et c’est maintenant !
Le rendez-vous salarial est capital : nous l’attendons depuis 5 ans !
Dans les négociations « PPCR », la FSU a défendu la revalorisation de la grille et celle de la valeur du point d’indice. Elle a obtenu que ce rendez-vous salarial ait lieu au début de l’année de 2016. Le texte prévoit que cette première négociation «sera l’occasion d’examiner la revalorisation du point d’indice au vu des indicateurs économiques».
Pour la FSU, le premier des indicateurs économiques à considérer n’est pas la croissance, mais bien la réalité des besoins des ménages à partir de la réalité des prix.
- De juillet 2010 à décembre 2015, les prix à la consommation ont augmenté globalement de 5,7% (source : INSEE), de 6,1% pour l’alimentation et de 9,2% pour les loyers.
- Dans la même période le SMIC a été porté de 1365 € bruts en décembre 2010 à 1466,62 € en décembre 2015, soit une augmentation de 7,7 %.
Il est clair que la négociation doit déboucher sur une augmentation du point qui ne peut pas être que « symbolique », tant les pertes de pouvoir d’achat ont affecté les conditions de vie.
La situation faite aux plus de 5 millions d’agents publics est injuste !
Constats :
Leur travail est mal reconnu et nombreux sont en difficulté pour en vivre correctement.
La situation ainsi créée est néfaste à la Fonction publique (image, attractivité, …).
Elle est économiquement inefficace car n’est pas facteur de relance : les ménages limitent leurs dépenses, y compris celles nécessaires à leurs besoins.
Cette politique, conduite sous l’égide de la « priorité à l’emploi », est un échec.
- Selon l’INSEE : pour l’ensemble des trois versants, le salaire net moyen en euros constants dans la Fonction publique a baissé de 0,1% en 2011, 0,8% en 2012, 0,5% en 2013. Et cette tendance se poursuit.
- Plus de cinq années de gel de la valeur du point d’indice, après une décennie de faibles revalorisations, entrainent par rapport à 2000, une perte de pouvoir d’achat équivalente à près de deux mois de salaire par an.
- Ce déclassement salarial pénalise notamment les jeunes moins bien rémunérés que leurs aînés au même moment de la carrière.
- 20 % des agents sont rémunérés à un niveau voisin du SMIC. Parmi eux, beaucoup sont soumis à des temps partiels subis, et sont donc en situation de pauvreté.
- Le salaire médian des agents de la FPT est de 1659 € en 2013, quand il est de 1763 € dans le secteur privé.
- Les salaires enseignants sont en régression comparés à leur niveau de l’année 2000. Sur la même période, ils ont augmenté dans la quasi-totalité des autres pays de l’OCDE.
- Du fait du développement de la part des primes, du refus de revaloriser les filières féminisées et des inégalités de carrières dont les femmes sont victimes, le salaire moyen dans la fonction publique des femmes est inférieur de 14% à celui des hommes (hors prise en compte des temps partiels et incomplets).
- La réduction de la part de l’indiciaire dans les rémunérations, conjuguées à la réforme des retraites et au gel de la valeur du point, aboutit à une dégradation des montants de liquidation des pensions.
Tout travail mérite reconnaissance !
C’est aussi une reconnaissance de l’action et du rôle que joue la Fonction publique.
Par ailleurs, les mesures contenues dans le protocole PPCR seraient vite obsolètes sans une politique de revalorisation régulière du point.
C’est possible :
Plus de 7 milliards d’économie ont été réalisées depuis le gel du point, soit l’équivalent d’une hausse de 4 % de la valeur du point d’indice (moins que l’inflation). La Cour des Comptes, dans son rapport de juillet 2015, estime à 400 millions d’euros les dépenses rendues obligatoires du fait des conséquences du gel (GIPA, relèvement du bas des grilles de catégorie C et B).
1 % d’augmentation représente près de 2 milliards sur les trois versants (source : Cour des Comptes), soit 11 % des crédits consacrés au Crédit d’impôt « Compétitivité-Emploi » pour 2016. Sans compter que le premier 1% a moins d’impact budgétaire et qu’il s’établit à 1,5 milliards : il faut en effet déduire les coûts relatifs aux mesures de maintien du pouvoir d’achat (mesures de relèvement des grilles, GIPA, etc.).
Le gouvernement s’est jusqu’ici privé d’une réelle réforme fiscale permettant de dégager les recettes nécessaires à l’action publique et à la solidarité, il est encore temps de le faire !
Nous demandons que la progression du point d’indice permette véritablement de compenser l’inflation :
En 2016 : une mesure immédiate et d’urgence pour commencer à remettre les salaires à niveau.
A programmer dès maintenant pour le début 2017 : une mesure qui permette d’annuler les effets de l’inflation depuis 2012.
C’est le moment pour le gouvernement d’assumer son attachement déclaré à la fonction publique. La FSU s’engage totalement pour obtenir enfin une amélioration réelle de nos salaires. Il va s’en dire que c’est ensemble que nous réussirons à imposer ces choix !
Bernadette Groison, Secrétaire Générale
- Communiqué commun CGT, FO, FSU, Solidaires, FAFT (Paris le 16 février 2016)
Après plusieurs journées de mobilisations, de grèves et de manifestations depuis deux ans, dont le 26 janvier dernier, les organisations syndicales de la fonction publique CGT, FO, FSU, SOLIDAIRES, FAFP se sont réunies mercredi 10 février pour analyser la situation au sein des trois versants de la fonction publique.
En plus de l’enjeu crucial du pouvoir d’achat, le contexte social est marqué par un ensemble de réformes détériorant les conditions de travail des agents, des réductions d’emplois dans un grand nombre de secteurs, la remise en cause de droits sociaux et de missions publiques.
Les organisations syndicales signataires de ce communiqué, restent également déterminées à revendiquer des créations nettes d’emplois statutaires permettant de lutter contre la précarité, des budgets à la hauteur des besoins d’un service public de proximité confirmant son rôle essentiel de cohésion sociale.
A quelques jours de l’ouverture des négociations salariales Fonction publique, elles considèrent qu’il est indispensable de mettre fin au gel du point d’indice, de le revaloriser de façon significative et d’exiger des mesures générales permettant de compenser les pertes subies de pouvoir d’achat.
Les interventions médiatiques ministérielles ne laissent guère entrevoir de pistes ambitieuses en la matière.
Pourtant, après plus de dix ans de pertes sans précédent de pouvoir d’achat, c’est un signal fort qu’elles attendent du gouvernement.
C’est pourquoi les organisations syndicales, CGT, FO, FSU, SOLIDAIRES, FAFP, souhaitent faire de l’ouverture de ces négociations un nouveau temps fort de mobilisation.
Elles appelleront donc ce jour là à des initiatives intersyndicales (conférence de presse, audience auprès des préfectures, rassemblements à Paris et dans les
départements, diffusion de tracts communs …) .
Dans l’hypothèse où les propositions ministérielles relèveraient du « symbolique », elles s’engageront dans l’unité la plus large possible dans un processus de mobilisations y compris par la grève et les manifestations !