Nous publions l’annonce d’un séminaire sur le syndicalisme dans les services organisé par le réseau des sociologues qui s’intéressent aux relations professionnelles.
Séminaire relations professionnelles (RT18): Le syndicalisme dans les services
14 novembre 2014, 9H-12H30
Salle 35.3.35
Conservatoire National des Arts et Métiers, Paris
Les services prennent une part considérable dans l’activité productive contemporaine, au point qu’il est devenu commun de parler de société de services. Ceux-ci répondent à une mutation des modèles et des biens de production et à l’émergence de besoins nouveaux. Ils résultent également du vaste mouvement d’externalisation à l’oeuvre depuis une trentaine d’années dans la plupart des secteurs professionnels, allant même jusqu’à transformer des activités relevant de la sphère industrielle en activités de service. Ce faisant, ils renvoient à une double conception du service. En effet, on peut d’une part le considérer du point de vue de sa valeur – économique, sociale mais aussi éthique, etc. (Zarifian, 2003), commune à l’activité dans l’ensemble des secteurs. Et, d’autre part, du point de vue de sa nature à la fois immatérielle (« mise à disposition d’une capacité technique ou intellectuelle ») et spécifique, différenciant le secteur des services d’autres secteurs (agricole, industriel) et le subdivisant en un vaste champ d’activités diversifiés : commerce, santé, éducation, etc.
Autant de champs à (ré-)investir et à (ré-)organiser par les organisations syndicales. Certains, constitués de longue date comme le secteur bancaire ou assurantiel par exemple, connaissent une certaine densité syndicale alors que d’autres, plus récents et/ou plus éclatés, comme celui des services aux particuliers voire le commerce, restent assez largement des déserts syndicaux. Au sein de ces derniers, les obstacles au déploiement syndical sont multiples : ils sont pour l’essentiel moins intégrés que le secteur industriel qui a été largement propice à la syndicalisation ; conséquemment, les entités économiques, quelle que soit leur forme, dans lesquelles travaillent les salariés de ces secteurs sont de taille plus modeste et ces derniers soumis à une atomisation plus grande ; de création relativement récente, leur reconnaissance en tant que branches professionnelles l’est tout autant, compliquant l’homogénéisation salariale et professionnelle des salariés y travaillant et ayant des conséquences sur leurs conditions d’emploi et de travail (« moins-disant social »), d’autant plus lorsque les activités assurées par ces derniers relèvent de la sous-traitance ; la répression syndicale y est élevée, etc.
Comment les syndicats font-ils face à ces difficultés ? Comment ont-ils progressivement couvert ces « nouvelles » activités de service ? Ont-ils déployé des stratégies particulières leur permettant de s’y implanter et de mener une activité syndicale régulière ? Comment les équipes syndicales de ces secteurs ont-elles été intégrées par les organisations interprofessionnelles, au niveau fédéral ou autre, et quelle place leur a-t-il été fait au côté de fédérations représentant des secteurs d’activités plus traditionnels dans lesquels la présence syndicale est plus ancienne et plus assurée ? Au regard des secteurs couverts par les différentes fédérations professionnelles des services, et qui ne se recouvrent pas totalement d’une organisation à l’autre, celles-ci ont-elle la même définition des activités à ranger sous cette dénomination et/ou l’intégration de ces « nouveaux » secteurs répond-il également à des histoires professionnelles spécifiques ainsi qu’à des rapports de force entre fédérations quant aux périmètres de leur champ de syndicalisation ?
Intervenant-e-s
Christina Nizzoli (Université Aix-Marseille/LEST) : Du nettoyage industriel à la propreté : les défis posés aux organisations syndicales.
Florence Jany-Catrice (Université Lille I/Clersé) et Emmanuelle Puissant (Université de Grenoble/CREG) : La construction politique du secteur des services à la personne : les enjeux pour le syndicalisme.
Thibault Menoux (EHESS/CESSP) : Les concierges d’hôtels: une action syndicale collective impossible ?
Sébastien Grollier : Quelle syndicalisation pour les travailleurs de l’intérim ?