Dans le contexte d’épidémie COVID-19, suite à la signature d’une déclaration commune (dite « relevé de réunion« ) entre les organisations patronales et syndicales reconnues représentatives, des structures de la CGT affichent leur désaccord avec leur confédération. Pour en apprécier la portée, nous publions ici : la déclaration commune, un communiqué CGT , et le texte de protestation des structures CGT. Nous ajoutons l’accès à une « circulaire » de la FNIC CGT (chimie). Depuis, d’autres structures CGT se sont associées à la critique : la FERC Sup, l’UG CGT du Vaucluse…
- Relevé de réunion du 19 mars CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, MEDEF, CPME, U2P
Les confédérations syndicales (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC) et les organisations patronales (Medef, CPME, U2P) attachées à leur liberté de comportement se sont rencontrées ce 19 mars.
Dans le contexte de crise sanitaire majeure, lié à l’épidémie de Coronavirus (COVID-19), qui appelle à prendre les mesures indispensables à son endiguement, elles entendent ainsi affirmer le rôle essentiel du dialogue social et de la négociation collective.
Elles appellent les pouvoirs publics et les entreprises à mettre en œuvre tous les moyens indispensables à la protection de la santé et de la sécurité des salariés devant travailler.
Elles saluent l’engagement des agents des services publics et des salariés particulièrement indispensables à commencer bien évidemment en matière de santé, mais également de continuité d’approvisionnement.
Elles soulignent le rôle majeur de nos systèmes de protection sociale collective, garant de la solidarité entre toutes et tous.
Elles ont convenu de rester en contact autant que de besoin.
- Communiqué CGT du 19 mars 2020
La santé des citoyens et du monde du travail d’abord !
La crise sanitaire extrêmement grave que traverse le monde et, notamment, notre pays amène à prendre des mesures indiscutables pour protéger la santé des citoyens.
D’abord, il faut veiller à ne pas surcharger des hôpitaux – déjà fortement fragilisés par des politiques d’austérité menées depuis des années – en empêchant la circulation du virus. C’est grâce à ce système de santé et à l’abnégation du personnel soignant que les vies de toutes et tous et, en particulier, des plus fragiles sont préservées. La CGT salue de nouveau tous les agents hospitaliers, des services et entreprises publiques qui, attachés à leur mission et au service des citoyens, poursuivent leur travail dans des conditions extrêmes. Elle salue également tous les salariés du privé, du commerce, des transports, de l’agroalimentaire, etc… des secteurs où la crise montre à quel point leur travail est nécessaire.
MAIS TOUT N’EST PAS ACCEPTABLE !
Le ministre de l’Économie le disait ce matin « Quand la maison brûle, on ne compte pas les litres d’eau pour éteindre l’incendie ». Or, beaucoup trop d’entreprises à l’heure actuelle refusent de suspendre leurs activités – alors que celles-ci ne sont pas indispensables à la vie de la nation – et continuent à faire travailler des salariés, sous-traitants, intérimaires, sans même respecter les précautions élémentaires.
Ce n’est pas possible.
On ne peut pas d’un côté écouter les discours des scientifiques, chercheurs, médecins qui appellent à une véritable mobilisation citoyenne pour sauver des vies, déclarer l’état de guerre, comme l’a fait le Président Macron et accepter que des entreprises ne contribuent pas à ce nécessaire effort de solidarité nationale.
Le Président et le Premier Ministre n’ont pas tenu un discours assez clair vis-à-vis des entreprises qui ne sont pas vitales à notre fonctionnement et, déjà, le patronat, Medef en tête, tente de s’inscrire dans cette brèche.
Ce n’est pas acceptable !
La construction d’un bateau, d’une voiture, d’une maison… ne peuvent-ils donc pas être décalés dans le temps ? Cela nécessite-t-il de faire courir des risques au personnel soignant et à toutes celles et ceux qui ne pourront être pris en charge de manière optimum ?
La CGT demande solennellement que les organisations syndicales et patronales ainsi que le gouvernement listent ensemble les entreprises essentielles à la continuité de notre vie, que celles-ci s’engagent à protéger leurs salariés, tant par la fourniture d’équipements individuels que par la mise en place de mesures collectives, et que les autres diffèrent toutes leurs activités avec paiement des salariés. Les employeurs refusant de respecter les consignes de sécurité auraient une lourde responsabilité sur la santé de leurs salariés et la propagation du virus.
Elle refuse également que soient renforcées des dérogations généralisées au code du travail en matière d’horaires de travail, de repos hebdomadaires, de prises de congés. La conscience professionnelle et le sens de l’intérêt général suffisent à l’engagement du monde du travail.
Par contre, les milliards d’euros annoncés pour soutenir l’économie doivent être utilisés de façon plus équitable, d’abord à la protection urgente des travailleurs et des travailleuses les plus impliqués dans cette crise. Ils doivent aussi servir à un financement intégral du chômage partiel car les règles n’ont pas changé en la matière sauf pour les entreprises qui seront remboursées, elles, à 100%. Certains grands groupes financiers ont les moyens de contribuer à cette solidarité nationale.
La CGT continue à être présente et disponible à tous les niveaux pour la défense des intérêts et de la santé du monde du travail.
Montreuil, le 19 mars 2020
- Prise de position d’organisations CGT et de membres de la CEC:
- « LES ORGANISATIONS CONSTITUTIVES DE LA CGT SE DISSOCIENT ET CONDAMNENT LA « DÉCLARATION COMMUNE » DES CONFÉDÉRATIONS SYNDICALES ET PATRONALES DU 19 MARS 2020«
Hier soir, les 5 confédérations syndicales et les 3 patronales ontvalidé un texte commun que nous ne reproduirons pas puisqu’il estdisponible par exemple, sur le site de certaines confédérations.
Nous retenons que les signataires :«entendent affirmer le rôle essentiel du dialogue social».
L’heure serait au dialogue social, pendant que les patrons sont prêts à faire mourir des travailleurs plutôt qu’à renoncer à leurs marges ?
«mettre en œuvre tous les moyens indispensables à la protection de la santé et de la sécurité des salariés devant travailler.» :
Ce qui ne dit rien sur, donc valide, le maintien des activités non strictement indispensables à la lutte contre la pandémie et la vie quotidienne.
«saluent l’engagement (..) des salariés indispensables à la continuité d’approvisionnement.» :
A l’approvisionnement en pneus militaires ? en gazole alors que les stocks stratégiques sont pleins ? En rouge à lèvres ? etc.
Cette déclaration est un coup de poignard dans le dos des militants, des travailleurs qui se battent pied à pied contre les employeurs sans scrupules, pour arrêter des activités non indispensables et pour mettre à l’abri les salariéschez eux.
On parle de la vie des travailleurs, non pas de quelques uns, mais des milliers ! La parole des patrons,comme celle des politiques, Macron compris, est complètement discréditée par leur acharnement à poursuivre les activités de toutes les entreprises.
C’est la même chose avec les signataires de ce texte. Tous se retrouvent dans l’union sacrée convoquée par Macron, alors que ceux qui trinquent, ce sont les salariés et leurs familles ! La seule parole crédible est celle des gens de terrain, les médecins,infirmières, urgentistes : Tous et toutes disent qu’il faut absolument stopper toutes les activités mettant les personnes en contact les unes avec les autres, et qu’ensuite, il faut n’autoriser que celles strictement indispensables.
La réalité de terrain, c’est qu’en règle générale, les patrons obligent les gens à travailler bien avant de se préoccuper, au coût minimum, de mettre en place les mesures nécessaires pour protéger les travailleurs. Pendant ce temps, les marges continuent de tomber mais le virus, lui, peut se transmettre en une seule minute ! Il y a donc urgence à stopper tout ce qui n’est pas nécessaire. Le coup d’état d’urgence sanitaire ouvre un régime d’exception pour les employeurs où tout est permis pour eux. Le rôle de la CGT dans la période est de se trouver auprès des travailleurs, et non signataire d’une déclaration en collaboration avec ceux qui nous font face.
Les organisations qui s’expriment par cette adresse publique invitent toutes les organisations de la CGT, du syndicat à la confédération, à condamner cette « position commune » qui rend complice ses signataires des drames humains consécutifs à la crise sanitaire en cours, et à exiger le retrait de sa validation parla CGT.
Premières organisations : UD 13, FNIC, UD 94, UD 82, UD 18, SERVICES PUBLICS, UD 59, UD 04 Membres de la direction confédérale : B. Amar, M. Blanco, P. Bonnet, B. Talbot.
- Télécharger la circulaire FNIC CGT : 20200317 Circulaire FNIC (titrée : « Préserver le capitalisme ou la santé des travailleurs »)