Travailleurs-euses agricoles en lutte : les syndicats prennent position

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Des syndicats prennent position pour soutenir l’action des agricultrices et agriculteurs, et exprimer leurs positions.

 

La Confédération paysanne appelle à se mobiliser pour des paysannes et paysans nombreux et rémunérés !

Le Comité National de la Confédération paysanne réuni aujourd’hui affirme sa pleine solidarité avec les mouvements d’agricultrices et d’agriculteurs en France. Le constat est partagé : la colère exprimée est légitime, tant le problème de la rémunération du travail paysan est profond. Il y a 25 ans, la Confédération paysanne dénonçait déjà les conséquences du libéralisme, du Larzac à Seattle.

Par contre, sur les solutions proposées, l’agriculture française tourne en rond depuis des décennies derrière la sacro-sainte « compétitivité » chère à l’agrobusiness et aux marchés mondialisés. Résultat : un plan de licenciement massif dramatique qui tue nos campagnes.

La Confédération paysanne nationale a aujourd’hui pris la décision d’appeler l’ensemble des structures départementales à exprimer leur solidarité au mouvement, à se mobiliser et à porter des solutions durables de sortie de crise et de système.

Nos mobilisations prendront diverses formes, en fonction du contexte local. Le mot d’ordre commun de la Confédération paysanne est clair : « Un revenu digne pour tous les paysans et paysannes » et « Rompre avec le libre-échange ».

Alors que plusieurs Confédération paysanne départementales étaient déjà mobilisées sur le terrain, la décision de notre Comité National va amplifier cette mobilisation. Plusieurs dizaines de départements ont ainsi déjà prévu de se mobiliser pour obtenir des solutions concrètes pour tous les paysans et paysannes. Demain, les Confédération paysanne du Rhône, de Loire-Atlantique et du Var manifesteront, vendredi dans les Pyrénées orientales, ce week-end en Bretagne et dans le Calvados…

Nous souhaitons collectivement apporter de véritables solutions de fond au malaise agricole. Nous demandons donc d’urgence une loi interdisant tout prix agricole en-dessous de nos prix de revient et la fin immédiate des négociations d’accord de libre-échange.

Les gouvernements successifs et la FNSEA* ont mené conjointement l’agriculture dans l’impasse actuelle d’un système économique ultralibéral, inéquitable et destructeur. Nous alerterons nos collègues sur le mirage de la « suppression des normes » et celui du « complément de revenu » par la production d’énergies.

Certes, une simplification administrative est nécessaire car beaucoup de procédures administratives et de normes sanitaires sont inadaptées à la réalité de nos fermes. Mais ne nous trompons pas de cible. La demande de la majorité des agriculteurs et agricultrices qui manifestent est bien celle de vivre dignement de leur métier, pas de nier les enjeux de santé et de climat ou de rogner encore davantage sur nos maigres droits sociaux.

Ce n’est pas, comme le font les dirigeants de la FNSEA*, en demandant à pouvoir détruire des haies, en instrumentalisant le sujet des jachères, en éludant la question du partage équitable des terres et de l’eau, en négociant des avantages pour la production d’agrocarburants, que nous résoudrons en profondeur les problématiques de notre métier de paysan, producteur d’alimentation pour nos concitoyen·nes.

Nous lutterons sur le terrain contre toute forme de récupération de nos colères pour attiser le chaos, encourager le repli sur soi et in fine poursuivre la fuite en avant d’un système qui nous met en concurrence les uns contre les autres. Nous appelons également à des mobilisations pacifiques respectueuses des personnes, des biens publics et exemptes de racisme, sexisme ou toute autre forme de discrimination.

Ce dont nous avons besoin, c’est de s’attaquer aux racines du problème en offrant plus de protection sociale et économique aux agricultrices et agriculteurs.

Instauration de prix garantis pour nos produits agricoles, mise en place de prix minimum d’entrée sur le territoire national, accompagnement économique à la transition agroécologique à la hauteur des enjeux, priorité à l’installation face à l’agrandissement, arrêt de l’artificialisation des terres agricoles : rassemblons-nous sur des solutions d’avenir pour transformer positivement cette colère et sortir du marasme dans lequel est plongé le monde agricole depuis trop longtemps.

La CGT appelle ses militant·es à aller rencontrer les travailleuses, travailleurs agricoles, les agricultrices et agriculteurs

Depuis plusieurs jours, les agriculteurs se mobilisent pour dénoncer leur faible rémunération. Les inégalités sont énormes dans l’agriculture avec 80% des aides captées par 20% des agriculteurs. La dérégulation du marché au niveau européen, avec la fin des quotas laitiers et sucriers, a favorisé la spéculation sur les matières premières et l’agrobusiness. Le libre-échange organise le dumping social, pousse au gigantisme et fait exploser les émissions de gaz à effet de serre liées à l’agriculture.

Comme les travailleuses et les travailleurs, notamment agricoles, de plus en plus de paysans ne vivent plus de leur travail. Dans le même temps, les prix de l’alimentation explosent et de plus en plus de salariés sont en difficulté pour manger correctement. Pourquoi ? Parce que les richesses sont captées par les multinationales de l’agroalimentaire et par la grande distribution dont les marges atteignent des records. Les salariés de l’agriculture comme de l’industrie agroalimentaire, du commerce, du transport et de la logistique, ne voient pas la couleur de ces profits.
Au contraire, la course au gigantisme, le développement de fermes usines, de mega abattoirs, suppriment des emplois et dégradent encore les conditions de travail d’une main d’œuvre ultra précarisée. Premiers confrontés aux conséquences du dérèglement climatique, les paysans sont aussi les premiers perdants du manque d’accompagnement pour la transition environnementale de l’agriculture.

Pour épargner le capital, patronat et gouvernement répondent, à chaque crise, par la remise en cause des normes environnementales et par des subventions ponctuelles aussitôt captées par les plus grosses exploitations. Pour exonérer les puissants, l’Extrême droite organise les mises en opposition sexistes, racistes et homophobes.
Au contraire, c’est l’ensemble du modèle agricole qu’il faut repenser pour bien produire, bien manger et bien vivre de son travail. Ce sont les salaires qu’il faut augmenter pour permettre aux travailleuses et aux travailleurs de s’acheter une nourriture de qualité, produite localement.

À rebours de la course au gigantisme, le défi environnemental exige de revoir en profondeur le modèle agricole pour produire localement dans le respect de l’environnement et garantir aux paysans la juste rémunération de leur travail.

La CGT appelle ses militantes et militants, partout où c’est possible, à créer les conditions permettant de faire converger les revendications des salarié·es, des travailleuses et des travailleurs agricoles et des agricultrices et des agriculteurs. Nos échanges doivent permettre d’élargir la mobilisation et de créer des convergences sur les moyens de bien vivre de son travail, de bien manger, tout en protégeant notre santé et celle de la planète. D’ores et déjà, la CGT a pris contact avec la Confédération paysanne et le Mouvement de défense des exploitants familiaux (Modef).

Montreuil, le 25 janvier 2024

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