Les 18 organisations syndicales et associatives qui avaient lancé l’appel et la pétition PlusJamaisCa en mars dernier (plus de 200 000 signatures) font connaître le mardi 26 mai 2020 un Plan de sortie de crise avec 34 mesures précisées et même « chiffrées« . Il s’agit d’un évènement inédit qui met en évidence un travail fécond entre les syndicats CGT, FSU, Solidaires, Confédération Paysanne, UNEF, UNL, avec les associations parmi les plus actives sur le terrain de l’écologie et des manifestations climat.
- Télécharger le projet complet : plan-de-sortie-de-crise-version-de-finitive-1
- L’introduction du texte : « Le contexte de « déconfinement progressif » est encore très incertain et beaucoup dépend de paramètres que personne ne maîtrise, comme la mise au point d’un vaccin ou la découverte de traitements efficaces contre le Covid-19. Mais c’est précisément dans les périodes de choc d’immédiat après-crise que l’histoire s’accélère, que les bifurcations sont engagées ou pas, que les décisions prises conditionnent pour une longue période la construction du futur. L’expérience toute récente est source de prises de conscience et de réflexions de plus long terme sur lesquelles nous entendons bien nous appuyer.
Depuis plusieurs mois, des organisations syndicales et associatives convergent, convaincues que les réponses aux urgences sociales et écologiques doivent être construites ensemble. La crise qui a éclaté en ce début d’année 2020 montre une fois de plus la nécessité de changer de système. C’est pourquoi nos organisations ont constitué un front élargi et inédit pour initier une tribune, puis une pétition et un appel aux mobilisations du 1er mai. Nous pensons que le moment est venu de préciser les contours du « plus jamais ça » que nous mettions en avant dans cette tribune le 18 mars et auquel nous entendons désormais donner plus de corps. Désormais il est nécessaire de dépasser l’effet de sidération paralysant que génère le traumatisme de la crise sanitaire. Il s’agit d’amener la population à se saisir de ce moment pour exiger que des enseignements en soient tirés.
C’est le sens de ces mesures que nous versons au débat. Elles sont volontairement précises et le plus souvent chiffrées. Il ne s’agit pas, cependant, de présenter un plan figé, ficelé et définitif. Au contraire, ces propositions ont vocation à être soumises au débat public et sont amenées à être complétées. La relative précision des mesures présentées poursuit deux objectifs. D’abord, signifier que nous ne nous contenterons plus des grands mots, des déclarations d’intention, des formulations creuses. Nous voulons démontrer, à travers l’articulation de mesures de court et de long terme, le pragmatisme et l’ancrage dans le réel de notre démarche. Ensuite, notre but est de faire la démonstration qu’il y a des alternatives au capitalisme néolibéral, productiviste et autoritaire, et que ces alternatives sont crédibles, désirables et réalisables, à condition que la volonté politique et les moyens financiers soient enfin mis au service des objectifs de transformation sociale et de préservation de l’environnement, au lieu de les soumettre aux pressions et désidératas des lobbies. Du reste, un grand nombre de ces alternatives relèvent d’un déjà-là qu’il s’agit de conforter, de rénover et de généraliser, que ce soient les grands systèmes collectifs mis en place dans le cadre de l’État social (protection sociale, services publics, etc.) ou les alternatives concrètes qui sont souvent autant de possibles si leur généralisation est envisagée.
L’heure est aux urgences sanitaires et sociales et à la satisfaction des besoins essentiels de la population, dans le respect des droits démocratiques : les semaines à venir seront décisives et le gouvernement doit urgemment changer de logiciel, pour répondre aux objectifs qui s’imposent et que nous nous fixons dans les deux premières parties de ce plan de sortie de crise. En particulier doit être lancé un vaste plan de renforcement et de développement des services publics. Au mois de juin, sera présentée une nouvelle loi de finance rectificative : si l’on veut que cette crise ne soit pas l’occasion de plans d’austérité et de nouvelles régressions sociales, si l’on souhaite partager les richesses et financer la transition écologique, alors il faut refonder le système bancaire et financier et la fiscalité. C’est tout l’objet de la troisième partie. Enfin, face aux plans de relance du gouvernement, qui ne font que relancer un système profondément insoutenable, nous en appelons dans la dernière partie à des mesures courageuses, permettant une reconversion sociale et écologique de la production agricole, industrielle et de services, pour à la fois créer des centaines de milliers d’emplois de qualité et cesser les activités les plus néfastes pour les populations et la planète. Cette reconversion doit être aussi l’occasion d’une relocalisation des activités, qui s’accompagnerait de mesures fortes de solidarité européenne et internationale, que nous précisons également.
Ce document se veut donc une contribution et même un appel au débat public. Débattons partout, mobilisonsnous sur le terrain pour changer le système et exiger des pouvoirs publics des transformations radicales ! Changer en profondeur le monde qui a rendu cette crise aussi violente est l’affaire de toutes et tous, le monde d’après sera celui que nous serons capables de reconstruire.« - Le sommaire du plan :
Objectif 1 : Garantir à toutes et tous les mesures de protection et de prévention
Mesure 1 : La gratuité des masques et l’accès aux tests pour toutes et tous Mesure 2 : Un plan d’urgence pour l’hôpital public
Mesure 3 : Un plan contre les violences faites aux femmes Mesure 4 : Garantir la sécurité au travail
Objectif 2 : Assurer la sécurité sanitaire en renforçant les droits démocratiques et individuels
Mesure 5 : La levée de l’État d’urgence sanitaire
Mesure 6 : Le renforcement des droits des travailleuses et des travailleurs Mesure 7 : Pour les droits des femmes et contre le sexisme
Mesure 8 : Pour les droits des étranger·ères et personnes incarcérées
- RÉPONDRE À LA CRISE SOCIALE, ICI ET AILLEURS
Objectif 3 : Du travail pour toutes et tous
Mesure 9 : Hausse des salaires
Mesure 10 : Le maintien des droits pour les intermittent·es, l’indemnisation des chômeur·euses
Mesure 11 : La réduction et le partage du temps de travail
Mesure 12 : L’interdiction des licenciements dans les entreprises qui font du profit Mesure 13 : La revalorisation immédiate des salaires et des carrières des femmes
Objectif 4 : Garantir la satisfaction des besoins essentiels
Mesure 14 : Pour la création d’emplois dans l’agriculture
Mesure 15 : Pour un droit garanti au revenu et à la protection sociale pour toutes et tous
Mesure 16 : Pour l’accès à une alimentation de qualité pour toutes et tous Mesure 17 : Pour l’accès et le droit au logement de qualité pour toutes et tous
Objectif 5 : Pour une réelle solidarité internationale
Mesure 18 : Engager des annulations de dettes des pays les plus pauvres Mesure 19 : Pour un fonds d’aides internationales
Mesure 20 : La mutualisation des savoirs et des brevets pour garantir l’accès mondial à l’innovation et la coopération sur les biens médicaux
Mesure 21 : Pour la souveraineté alimentaire pour tous les peuples
- L’« ARGENT MAGIQUE » EXISTE : IL SUFFIT D’ALLER LE CHERCHER AU BON ENDROIT
Objectif 6 : Reprendre le contrôle sur le monde de la finance et la dette publique
Mesure 22 : Pour une politique monétaire et prudentielle
au service des besoins sociaux et environnementaux Mesure 23 : Réguler les activités bancaires
Objectif 7 : Plus de justice fiscale
Mesure 24 : Pour une imposition plus juste et progressive des revenus et du patrimoine
Mesure 25 : Lutter efficacement contre la fraude et l’évasion fiscale Mesure 26 : Renforcer la taxation des transactions financières Mesure 27 : Supprimer les niches fiscales inutiles et les exonérations
nocives pour le climat, la biodiversité et la lutte contre les inégalités
- POUR UNE RECONVERSION ÉCOLOGIQUE ET SOCIALE DES ACTIVITÉS
Objectif 8 : Accompagner durablement la reconversion
Mesure 28 : Une loi pour soumettre les entreprises à l’Accord de Paris et interdire les dividendes climaticides
Mesure 29 : L’arrêt des soutiens publics aux acteurs polluants
Mesure 30 : Accompagner la reconversion via des systèmes de formation et d’enseignement-recherche rénovés
Objectif 9 : Transformer nos modes de production, de mobilités et de consommation
Mesure 31 : Stopper toutes les négociations et finalisations d’accords de commerce et d’investissement
Mesure 32 : Repenser les mobilités
Mesure 33 : Une loi pour bâtir une économie de sobriété
Mesure 34 : Un plan de transition sociale et écologique de l’agriculture et de l’alimentation